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Lucrèce Borgia de David Bobée : rock et romantique

photo Arnaud Bertereau
photo Arnaud Bertereau

De David Bobée, on connaît son goût pour la théâtralité, pour la conjugaison des différentes disciplines artistiques et l’assocition de divers talents. Dans Lucrèce Borgia, un texte de Victor Hugo, tous ces ingrédients sont présents. A cela s’ajoutent une belle générosité, une inventivité débordante. Le directeur du CDN de Haute-Normandie signe là une de ses plus belles mises en scène qui se fait âpre, romantique, rock, sensuelle et offre des images d’une élégante esthétique et d’une beauté métissée.

 

Lucrèce Borgia se déroule dans un bassin d’eau. Une eau qui rappelle la féminité, Venise et son romantisme mais qui devient vite un élément essentiel de la dramaturgie. Cette eau n’apaise pas. Elle jaillit, claque. Elle freine les gestes des comédiens, fragilise les acrobates et les danseurs, alourdit leurs costumes. Elle est aussi le miroir où se reflètent les visages de monstres, où se dessinent leurs cauchemars. Elle est enfin les larmes versées par tant de personnages après les meurtres, les incestes, les vengeances, les scandales, les trahisons… Les histoires d’amour et de pouvoir finissent mal en général…

 

Béatrice Dalle joue avec subtilité une Lucrèce Borgia épuisée par ces années de violence. Il y a en elle ce monstre, cette femme sauvage, fatale et surtout cette mère aimante, souffrant d’être éloignée de son enfant. Elle apparaît de manière magistrale dans une robe noire et une lumière blanche. Tout comme Catherine Dewitt qui joue une Negroni débridée clamant un extrait des Travailleurs de la mer, un texte évocateur dans lequel Victor Hugo raconte la lutte entre un homme et une pieuvre. Jérôme Bidaux est un Gubetta, très dandy, un brin cabotin et très manipulateur. Autour d’eux se trouve une bande de compagnons, dont Gennaro, fils de Lucrèce, aux allures de bad boys, plein de fougue, de colère qui exècrent la corruption. Ils ont un jeu très physique, presque instinctif, éblouissent dans des numéros acrobatiques et des scènes dansées.

 

Dans cette troupe de beaux comédiens, il y a aussi Butch McKoy dont la musique, une folk psychédélique, et la voix illustrent autant la douceur et la violence de Lucrèce Borgia et ajoutent une intensité dramatique à cette pièce très rock.

 

 

  • Jeudi 11, vendredi 12, lundi 15 décembre à 20 heures, mardi 16 décembre à 19 heures, mercredi 17 et jeudi 18 décembre à 20 heures au théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly. Tarifs : 18 €, 13 €. Réservation au 02 35 03 29 78 ou sur www.cdn-hautenormandie.fr
  • Rencontre avec l’équipe artistique jeudi 11 décembre à l’issue de la représentation
  • Lire également la présentation de Lucrèce Borgia avec David Bobée et Béatrice Dalle