Un nouveau projet, une nouvelle structure donc une nouvelle direction qui sera choisie mardi 9 juillet. La scène nationale de Petit-Quevilly/Mont-Saint-Aignan et le théâtre des 2 Rives à Rouen fusionnent pour devenir un centre dramatique national. Gérard Marcon quitte ainsi ses fonctions dans quelques jours. A la tête de la scène nationale depuis seize ans, il a dû gérer les travaux du théâtre Maxime-Gorki, un feuilleton avec moult rebondissements, le rapprochement des salles de Petit-Quevilly et Mont-Saint-Aignan. Il a surtout élaboré des programmations cohérentes et des plus audacieuses.
Est-ce difficile de quitter un tel lieu, comme le théâtre de La Foudre à Petit-Quevilly ?
Oui et non. En fait, c’est quelque chose d’étrange. Il y a eu seize ans d’histoire intense. Je pars content parce que ce projet auquel j’ai contribué continue l’histoire. C’est ma grande satisfaction. Je savais que nous étions trop fragiles pour perdurer. Pour l’instant, je suis encore dans l’histoire même si ces derniers jours, mon activité se réduisait. Dans moi, c’était un peu lourd. Je ne peux pas dire pour après. Je sais que je ne ferai plus cela. Le plus dur est de quitter une équipe.
Ces seize années n’ont pas été un long fleuve tranquille.
Non et les quatre années premières années ont été très difficiles. De 2001 à 2005, le dossier n’avançait pas. Ensuite, nous avons retrouvé une certaine stabilité. Depuis 2008, c’est la vie normale d’un théâtre. Malgré tous les obstacles, nous y sommes arrivés.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la région au cours de ces années ?
Nombre d’éléments ont émergé. Quand je suis arrivé, il y avait l’opéra, le Trianon transatlantique, le théâtre Charles-Dullin et le théâtre des 2 Rives. Le théâtre Duchamp-Villon était à Saint-Sever à Rouen. L’Atelier 231 à Sotteville-lès-Rouen était en préfiguration et le Cirque-théâtre n’était qu’une vague idée. Depuis, Le Zénith, l’espace François-Mitterrand à Canteleu, le Hangar 23, le 106, l’Atelier 231 ont ouvert. Le Cirque-théâtre a été réhabilité. Il y a eu un changement de projet à l’Opéra. Octobre en Normandie est devenu Automne en Normandie. Dans cette agglomération, chacun s’est positionné sur un créneau particulier. L’offre est certes foisonnante mais tout cela reste très calme.
Que manque-t-il à cette région ?
Il manque des projets ambitieux. Lille a misé sur la culture. Nantes a misé sur la culture. Ici, nous faisons des choix trop sages. Il a fallu attendre trente ans pour avoir un centre dramatique national. Aujourd’hui, il n’y a pas les outils pour créer. J’espère que cela va changer. A La Foudre, nous pouvons seulement accueillir les compagnies pendant les vacances scolaires. Le reste du temps, le plateau est occupé parce que nous accueillons des spectacles. Il est nécessaire que les gens puissent produire.
Quels souvenirs avez-vous de ces seize années ?
Il y a en a plein. J’ai vécu de grandes émotions. Ce qui va me manquer rapidement, ce sont ces moments passés avec des artistes comme Jean-Michel Rabeux, Joël Pommerat, Emma Dante, Nancy Huston… Ce sont de grands moments. Etienne Saglio qui sortait du CNAC est venu répéter pendant un mois pour écrire son spectacle. C’était magnifique. C’est la même chose avec David Bobee. Et tout cela s’est passé à côté de nous.
Est-ce que les esthétiques ont beaucoup évolué pendant ces seize années ?
Oui, les esthétiques ont beaucoup bougé. L’introduction des arts de la piste, de la danse et de la vidéo a fait bouger les propositions. Et je pense que cette tendance va encore durer.