/

Concert à Rouen : Ken Stringfellow au Kalif

stringfellow1Il est une des figures du paysage indie. Ken Stringfellow a un riche parcours. Il est compositeur, interprète, multi instrumentiste, producteur, arrangeur… La liste est longue. Comme toute celle des musiciens avec lesquels il a collaboré. Néanmoins, le nom de Ken Stringfellow est tout d’abord associé à The Posies, le groupe qu’il a fondé à Seattle en 1988 et qui est devenu incontournable dans le milieu du rock alternatif. Ken Stringfellow, c’est aussi Big Star et R.E.M.. Le musicien américain s’est lancé il y a plusieurs années dans une aventure en solo. En 2012, il a sorti son quatrième album, Danzig in the moonlight, un disque profond aux multiples influences. Ken Stringfellow, parisien d’adoption, est en concert à Rouen jeudi 30 avril, une co-production Kalif et Europe and Co.

 

Vous avez collaboré avec différents artistes. Ressentez-vous le même plaisir lorsque vous travaillez seul ?

La composition est un art solitaire. Même lorsque je travaille avec des artistes, je garde toujours une chanson inachevée dans sa forme et je la termine à ma manière. Très rarement, je travaille sur un titre sur lequel j’échange des idées avec un autre artiste comme un jeu de ping-pong. Je pense que je suis plus efficace lorsque je travaille seul. J’aime essayer des choses, prendre des risques, me tromper et essayer encore, sans que quelqu’un m’observe ou me pose des questions sur mes choix.

 

Est-ce que composer seul vous permet d’écrire sans compromis ?

Non, être le boss permet de travailler sans compromis. En règle générale, je me fais confiance. Donc, si je suis sûr, je suis sûr. En règle générale, je ne reviens pas facilement sur ce qui a été fait. Je ne me mets pas dans des situations où le compromis s’impose à moi.

 

Est-ce qu’écrire reste une évidence pour vous ?

J’écris des textes qui ressemblent davantage à des fictions historiques. Il y a de vrais gens qui ont inspiré mes chansons. Mais je les insère dans un cadre fictionnel pour créer des histoires universelles, me permettre de contrôler tous les éléments. C’est beaucoup plus intéressant que d’être coincé dans de simples faits.

 

Devez-vous vous sentir libre lorsque vous composez ?

Je joue ce que j’entends lorsque je fais du yoga dans mon studio. Composer de la musique est, pour moi, une chose aisée. Ça vient. Ecrire des phrases avec un sens profond, mémorisables, originales, loin de tous clichés, est plus difficile.

 

 

 

A quel moment avez-vous décidé que la musique ferait partie intégrante de votre vie ?

Je ne me suis jamais vraiment dit cela. Mais, à un moment, j’ai su que la musique que je jouais avec The Posies en 1988-1989 prendrait tout mon temps. A partir de là, j’ai quitté mon travail. Le conseil de chaque personne sensée a été d’avoir un plan B. Mon conseil : fuck plan B.

 

Est-ce que Paris ou la France influencent votre musique ?

Je pense qu’il est bien d’avoir un pied en dehors de ce « qui se passe ». Pardon de dire cela, mais, excepté quelques exceptions comme Daft Punk, les échanges sur la musique glissent en France aujourd’hui comme l’eau autour d’un rocher dans un ruisseau. Je suis en désaccord avec tout ce qui se passe dans le domaine musical. Je ne suis pas engagé sur la scène musicale française. Ici, je suis invisible. Cela m’empêche d’être trop complaisant, d’être rattrapé par l’envie de maintenir un certain statut. Je suis en dehors des radars, où se développe l’art.

 

La musique a une grande importance pour vous. Qu’en est-il de la littérature, du cinéma ?

Oui, bien sûr, c’est important. Mais, pour mon travail de musicien, je suis davantage en train de regarder la pluie tomber à travers les fenêtres, ou observer les gens dans les aéroports ou les choses de la vie réelle. L’art est la vie réelle. Selon les points de vue, tu peux la voir avec différentes perspectives. Donc, plutôt que de commencer avec un produit fini, le point de vue de quelqu’un d’autre, je commence avec un document original et je le transforme à ma guise.

 

Quels sont vos prochains projets ?

J’ai plusieurs choses en ce moment. Nous sommes en train de travailler sur un nouvel album des Posies. La moitié des titres sont prêts. La plupart sont mixés. Mais nous avons encore beaucoup à écrire et composer. Je suis aussi en train de travailler avec mon ami Holly sur un opéra country rock. C’est un album concept avec des chansons country que nous avons composées et que nous avons piochées dans d’autres répertoires. Cet album fait l’objet de campagne de souscription. Il est possible de le commander. Nous avons des invités prestigieux sur cet album, comme Keren Ann, Mattew Caws (Nada Surf), Vick Peterson (The Bangles)… J’ai enfin toute une flopée de productions en cours. Je produis environ une demi-douzaine d’albums chaque année. Lors du Printemps de Bourges, je vais jouer la musique d’Elliott Smith avec Jason Lytle (Grandaddy) et Troy von Balthazar. Nous avons enregistré un album avec les chansons d’Elliott Smith et nous donnerons plus de concerts plus tard dans l’année.

 

  • Jeudi 30 avril à 20 heures au Kalif à Rouen. Tarifs : 10 €, 8 €. Réservation au 02 35 98 35 66 ou sur www.lekalif.com
  • Concert avec Troy von Balthazar, Jingo.