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Théâtre à Rouen : les élèves du conservatoire plongés dans des « Théorèmes »

Deux pièces en une pour raconter le monde d’aujourd’hui. Lors de ces travaux dirigés, la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen présente lundi 29 février et mardi 1er mars à la chapelle Saint-Louis à Rouen Théorèmes qui réunit Innocence de Dea Loher et Martyr de Marius von Mayenburg.

 

harold batolaCes deux mondes-là sont des catastrophes. Des mondes qui ressemblent étrangement au nôtre. Pour les raconter, Dea Loher, dans Innocence, et Marius von Mayenburg, dans Martyr, ont écrit des textes coup de poing. Maurice Attias, professeur de la classe d’art dramatique du conservatoire de Rouen, les a réunis dans ces nouveaux travaux dirigés, intitulés Théorèmes, présentés par les 16 élèves.

 

« Même si nous avons déjà travaillé sur Elfriede Jelinek, c’est avec ces textes que je découvre la littérature contemporaine. Ceux-là sont assez politiques. Ces histoires nous parlent forcément parce que nous avons déjà pu les entendre dans les médias. Ce sont de belles matières à réflexion », confie Harold Batola, élève de 3e année.

 

Dans Innocence, comme dans Martyr, il est question de la responsabilité de chacun. Dea Loher évoque plusieurs destins, notamment celui de deux immigrés clandestins qui laissent une jeune femme se noyer. L’un veut la sauver mais ne sait pas nager alors que l’autre hésite. Il craint devoir donner des explications à la police. Le temps de l’explication, la femme disparaît. « Toutes les situations sont catastrophiques mais toutes ces personnes ne se sentent pas responsables de ce qu’elles subissent parce qu’elles trouvent des explications. Il n’y a plus de sens dans ce monde », remarque Maurice Attias.

 

Quant à Marius von Mayenburg, il raconte dans Martyr l’histoire d’un lycéen qui devient catholique intégriste en refusant tout d’abord d’aller à la piscine, en remettant en cause les méthodes d’enseignement… Les adultes, à commencer par le directeur de l’établissement scolaire, refusent un affrontement, « comme si le système n’avait plus confiance en lui. Et tout le système va exploser », explique le metteur en scène.

 

Innocence et Martyr sont deux pièces appartenant à « un théâtre de dialogues » avec une mécanique imparable. « Quand on l’a trouvée, c’est d’une intensité incroyable », commente Harold Batola, également assistant à la mise en scène. Pour cela, « nous avons beaucoup travaillé dans l’affirmation des phrases, dans une affirmation sans crainte, sans laisser une fuite de sens possible. Au début, quand on commence à jouer, on se met plein de barrières. Il faut alors trouver cette liberté dans le jeu. Dès que l’on a trouvé cela, c’est très jouissif. On parvient à dire des choses énormes dans le calme et la certitude ».

 

Dans ces Théorèmes, les élèves évoluent sur un plan incliné, symbole d’un monde complètement instable. Ils sont plongés dans une ambiance très froide et terminent par une chorégraphie sur la Passion selon saint Matthieu de Bach.

 

  • Lundi 29 février et mardi 1er mars à 19 heures à la chapelle Saint-Louis à Rouen. Réservation au 02 32 08 13 50.