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Philippe Car : « C’est très agréable de vivre avec Edmond Rostand »

C’est une grande épopée. La Fabuleuse Histoire d’Edmond Rostand est racontée par Philippe Car. Le fondateur de L’Agence de voyages imaginaires est cette fois-ci, seul sur scène et avec une multitude de personnages. Rendez-vous à la scène nationale de Dieppe jeudi 9 janvier pour le lancement du Mois de la comédie.

Pourquoi avez-vous choisi d’être seul pour raconter La Fabuleuse Histoire d’Edmond Rostand ?

J’avais envie d’un solo. Un comédien a toujours envie d’un solo. Comme ça, il peut manger le gâteau tout seul… C’est un travail qui s’est déroulé en plusieurs étapes. Il a commencé sur Chantecler et s’est terminé sur toute l’œuvre de Rostand.

Il existe de nombreux écrits de et sur Rostand. Qu’est-ce qui vous a guidé dans ce travail ?

J’ai lu beaucoup de biographies et toute son œuvre. J’ai pris 400 notes de lecture. Chaque note a donné naissance à une scène. J’ai ensuite travaillé avec un auteur, Yves Fravega. Après une retransciption, nous avions 250 pages. Le tri s’est s’effectué sur le plateau. La première version du spectacle durait 3 heures et demi.

Que contenaient toutes ces notes ?

J’ai retenu tout ce qui était émouvant, drôle, étonnant, inattendu afin d’avoir une idée du personnage. J’ai relevé de nombreuses anecdotes. J’ai voulu garder des extraits d’œuvres. L’écriture est tellement belle.

Qui est vraiment Edmond Rostand ?

C’est un homme qui a eu beaucoup de succès. Ses pièces ont été jouées une centaine de fois. En revanche, il était un homme seul qui doutait beaucoup. Il pensait que ce qu’il faisait était nul. Il était marié avec une femme, poète, qui l’a énormément soutenu. Elle a même renoncé à sa carrière pour lui. Quand il montait une pièce, il se ruinait. Quand il jouait, il s’enrichissait. Mais il n’était pas facile de vivre avec lui. Il a fini sa vie tout seul. Il a même été dénigré par des artistes de son époque. Moi qui l’ai connu de près, j’adore cet artiste aujourd’hui. C’est très agréable de vivre avec Edmond Rostand. Dommage qu’il soit méconnu !

Quelle partie de sa vie avez-vous souhaité traverser ?

J’avais envie de rendre compte de l’histoire d’Edmond Rostand tout en traversant l’histoire du théâtre. Il invente la mise en scène. À 20 ans, Rostand joue à la Comédie-Française et voit ses pièces massacrer. Au fur et à mesure, il va prendre la direction du travail. On voit bien qu’il veut tout faire. Pour ce spectacle, comme je ne voulais pas de narrateur, j’ai opté pour une écriture cinématographique. Il y a des ellipses tout le temps. On va d’un texte à un autre. On voit comment les idées lui viennent, comment son entourage a pu le soutenir. Chaque nouvelle pièce est un événement, la pièce de sa vie. Entre 20 et 30 ans, il écrit très rapidement, une dizaine de textes. Après, il met dix ans pour écrire Chantecler. Il connaît alors un gros moment de doute. En fait, on est très dans l’humain dans cette création. Après chaque représentation, je regarde la captation et je change des passages. Il y a une nouvelle version à chaque fois.

Infos pratiques

  • Jeudi 9 janvier à 20 heures à la scène nationale de Dieppe.
  • Tarifs : de 23 à 10 €.
  • Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr