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Marc-Olivier Dupin : « le rapport au texte me passionne »

photo Axel Saxe

L’histoire du Petit Prince se raconte aussi en musique — celle de Marc-Olivier Dupin — et en images — celles de Joann Sfar. Le conte de Saint-Exupéry n’en finit pas de séduire. Il est à entendre du 11 au 15 mars à l’Opéra de Rouen Normandie avec Benoît Marchand, récitant, et un quatuor formé par Christian Erbslöh au piano, Guillaume Effler au violoncelle, Lucas Dietsch à la clarinette et Marc Lemaire au violon. Entretien avec le compositeur Marc-Olivier Dupin.

Est-ce que Le Petit Prince fait partie de ces contes que l’on redécouvre à chaque lecture, selon vous ?

Le Petit Prince n’est pas un livre que j’ai lu de façon continue. Oui, à chaque lecture, on découvre en effet des choses que l’on avait pas vues précédemment. Comme tout le monde, j’ai lu Le Petit Prince pendant mon enfance. Quand on m’a demandé de composer pour un ensemble de musique de chambre, je me suis replongé dans la version de Saint-Exupéry avec beaucoup de plaisir. J’ai trouvé néanmoins que le texte était daté. J’ai adoré la version de Joann Sfar. Dans son livre, il y a une énergie fantastique et intemporelle. Je me suis senti tout de suite en phase.

Pourquoi ?

Chez Sfar, il y a quelque chose de plus direct, d’un peu rugueux qui me plaît beaucoup. C’est parfois plus brutal mais plus vivant.

Êtes-vous resté fidèle aux versions de Saint-Exupéry et de Sfar ?

Oui, mon idée était d’être respectueux de leur version. J’ai commencé par beaucoup travailler sur le texte pour garder la poésie, la force de l’histoire, ce rapport aux personnages, à l’amour, à la mort. Tout simplement garder l’esprit de l’œuvre. Ce fut comme écrire une musique pour un film muet. C’est un long travail avant d’écrire la première notre mais il est passionnant.

Aimez-vous tout particulièrement ce rapport au texte ?

Oui, le rapport au texte me passionne, nourrit mon travail. J’ai cette chance de travailler pour le théâtre. Quand on a un texte face à soi, on est quelque part actif. Même si je n’oublie pas que notre inconscient nous balance beaucoup de choses. Là, vous n’êtes pas spectateur de ces choses qui sortent de votre crayon mais plutôt tributaire de la profondeur du texte. Ce travail de plongée dans un univers demande vraiment beaucoup de temps parce que vous ne pouvez pas tricher. J’ai travaillé sur plusieurs sujets, notamment sur René Char. Pour composer, j’ai eu besoin de lire tout René Char. J’ai d’autant beaucoup aimé ce travail que j’ai toujours été sensible à la poésie. Avec Le Petit Prince, les dessins de Joann Sfar m’ont aussi porté. Ils sont à la fois naïfs et très expressifs. J’aime ces projets qui sont des aventures permettant de naviguer dans des univers singuliers. Je le vis comme un privilège.

Pour Le Petit Prince, avez-vous voulu une musique illustration ou accompagnatrice ?

Dans Le Petit Prince, il y a les deux. J’ai écrit des passages illustratifs et des moments plus distanciés. Ce ne sont pas des choses que je décide. C’est le boulot de l’inconscient. J’aime beaucoup être étonné par ce que j’écris. Il faut obéir à son intuition.

Infos pratiques

  • Mercredi 11 mars à 15 heures, vendredi 13 mars à 20 heures, dimanche 15 mars à 11 heures et 16 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Spectacle tout public à partir de 6 ans
  • Tarif : 11 €.
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr