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Pour Alice Baude, les voyages forment la poésie

photo Camille Reynaud

Chez Alice Baude, il y a autant de place pour les arts que pour les voyages. La jeune diplômée de l’Université du Havre et à l’ESADaR multiplie les projets d’écriture, la création de livres-objets et partage cette passion des mots lors d’ateliers, comme pendant Terres de Paroles.

L’écriture est une activité quotidienne. Alice Baude tient chaque jour un journal de bord. « C’est captivant. Cela représente des archives pour soi, des traces du réel ». À côté de ce rituel, il y a la poésie nourrie de ses voyages. Alice Baude a sillonné l’Irlande à vélo à l’âge de 20 ans. Elle est revenue avec Miniature aux portes éphémères (Editions Phloème) et Dialogue avec les nuages, des recueils de poèmes illustrés. 

Alice Baude le remarque : « j’ai un profil littéraire » avec Khâgne, Hypokhâgne, une licence de Lettres modernes avant un Master de création littéraire à l’Université du Havre et à l’ESADHaR (école supérieure d’art et de design Le Havre-Rouen). « J’avais envie d’aller vers quelque chose de plus concret. J’ai appris à mettre en espace ». Cet amour de littérature et cet appétit des mots ne peuvent se dissocier d’un jeu avec les matières. L’autrice est aussi plasticienne.

Une nécessaire transmission

Le langage peut ainsi devenir une sculpture. Comme lors d’Un Été au Havre avec H2O = $, une installation en suspension de lettres-miroirs écrivant Le Liquide pour seul réel. Une installation empreinte d’ironie pour pointer une certaine obsession pour l’argent, les abus du marché de l’eau, un élément vital et naturel. « Ce projet est une chance qui m’a été donnée. J’ai beaucoup appris en effectuant ce travail, notamment la manière dont on passe d’une idée, à un croquis, puis à la réalisation. Il fallait jour avec quelque chose d’éphémère, de mouvant et de rigide. Les enjeux étaient à la fois technique et politique ».

Pour Alice Baude, la pratique artistique va de pair avec la transmission. L’autrice et peintre mène divers ateliers d’écriture. Il y a eu la fabrication de fanzines, « une expérience époustouflante ». Pour Terres de Paroles, elle a animé On The Road, la librairie itinérante du festival avec S’écrire par hasard. Le but : s’installer sur des places de villages et faire rédiger un texte sur des cartes postales par les habitantes et les habitants. « 90 % des gens se sont laissé assez vite prendre au jeu. Les paroles étaient poétiques et bienveillantes. Les cartes postales sont allées d’inconnus à d’autres inconnus. Cela permet de resserrer les liens sociaux ». Alice Baude revient à Terres de Paroles dans Des Mots et des mômes pour un autre atelier. Avec Jessica Visage, elle proposera aux enfants de dessiner son Autoportrait à la gomme. 

Des projets, Alice Baude n’en manque pas. Elle va interroger la question de la frontière lors de fabrication d’une grande fresque de 30 mètres de long, en forme de labyrinthe, à Perpignan, d’une performance aux senteurs de thym dans le nord de l’Espagne. Sans oublier une exposition de sculptures pyramidales aux Baléares.

Infos pratiques

  • Mardi 20 et mercredi 21 octobre de 10 heures à 14 heures à L’Académie, 96, rue des Martyrs-de-la-Résistance à Maromme : création d’autoportrait à la gomme avec Alice Baude et Jessica Visage

Terres de Paroles

  • Jusqu’au 22 octobre dans la métropole rouennaise, dans le pays de Caux et dans les Boucles de la Seine
  • Programme complet sur www.terresdeparoles.com
  • Photo : Camille Reynaud