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Tuma, serveur, met son « énergie au service d’une cause »

Cela fait un mois que le collectif Cultures en luttes – Occupation Rouen a investi le théâtre des Deux-Rives. Le groupe multiplie les rencontres et les actions. Tuma, serveur, l’a rejoint.

Ils pourraient être comme des fantômes dans un théâtre déserté tant leurs appels sont restés lettre morte. Pas un signe. Pas une parole. Le président de la République a certes évoqué une éventuelle ouverture progressive des lieux culturels à partir de la mi-mai mais peu veulent encore y croire. En ce qui concerne la suppression de la réforme de l’assurance chômage, une autre revendication, Elisabeth Borne, ministre du Travail, a récemment reconnu un « problème » dans le calcul des allocations.

Cela fait désormais un mois que le collectif Cultures en luttes – Occupation Rouen est installé au théâtre des Deux-Rives. Pendant ce temps, le nombre de lieux culturels occupés en France n’a cessé d’augmenter pour arriver aujourd’hui à la centaine. Tous portent les mêmes revendications dans le domaine des droits culturels et sociaux. Réunis sur les réseaux, ils mènent des réflexions communes pour poursuivre cette lutte et se faire enfin entendre.

« Je m’enrichis grâce à la culture »

Une lutte, ponctuée d’assemblées générales, d’agoras, de Vendredi de la colère, d’évènements, qui ne rassemble pas seulement des intermittents et intermittentes du spectacle. Tuma a rejoint le mouvement il y a deux semaines et demie. Serveur en restauration, il ne peut plus exercer son métier. « J’ai voulu mettre mon énergie au service d’une cause et utiliser mon temps de manière intelligente. J’ai besoin d’être actif ». Dans un premier temps, il est venu au théâtre des Deux-Rives « une ou deux fois. Le mouvement ne concerne pas seulement le monde de la culture. Cette réforme (de l’assurance chômage, ndlr) a des impact dans tous les domaines ». Pour ce jeune homme, l’occupation est « le seul moyen de se faire entendre. C’est nécessaire ». Son plaisir ? « Rencontrer des personnes sensibles à ce que nous faisons. Il y a toujours des gens qui viennent. Cela permet de continuer à espérer. On verra bien avec le temps ».

Tuma veut rester serein. « Je me doutais que l’on n’allait pas changer la donne rapidement. Ça va être long. Les luttes les plus importantes prennent du temps. L’essentiel est de ne pas lâcher. Je suis motivé. Le simple fait de me lever me suffit pour avoir de l’énergie ». Il veut garder son « optimisme mais cela va devenir compliqué si nous n’avons pas les réponses que nous attendons ». 

Au théâtre des Deux-Rives où Tuma a passé sa première nuit mercredi soir, il veut être « utile partout. Ce peut être à la restauration, à la planification d’actions et même aux actions sur le terrain. J’aime beaucoup les discussions ». Après le 15 mai, s’il doit reprendre le travail, il veut s’organiser pour « garder du temps » pour le collectif. « Je ferai au mieux. J’aime trop la culture, la musique, l’histoire. Cela me tient à cœur. Je vais au cinéma et dans les salles de concert. C’est une part importante de ma vie. Je m’enrichis grâce à la culture. Je ne comprends pas pourquoi on ne permet pas à tout le monde de se cultiver et de s’instruire. Des personnes se sont battues pour que cela soit accessible à tous ».