Les personnages confinés de Hubert Crabières

photo : Hubert Crabières

Le centre photographique Rouen Normandie a accroché sur sa façade une série de photographies de Hubert Crabières, prises pendant le premier confinement. Des images avec autant de personnages et d’histoires à inventer.

Hubert Crabières aime les objets et les accessoires en tout genre. Il va jusqu’à accumuler toutes sortes de choses de manière frénétique. « Tout dépend de la passion du moment ». Pour le photographe, diplômé de l’école nationale supérieure d’art de Cergy, le premier confinement, décidé en mars 2020, a été aussi une occasion de ranger tout son bazar. Une bonne nouvelle pour les artistes avec qui il partage en colocation un appartement à Argenteuil. « Il y avait des objets que j’avais même oubliés ».

Face à cet amas d’objets, Hubert Crabières a eu l’idée de créer un costume, telle une tenue de protection contre ce virus qu’il a portée dès le premier jour du confinement pour aller faire les courses. « Le lendemain, je me suis dit que je pouvais faire un peu mieux. Puis, je me suis pris au jeu ». Le photographe a ainsi imaginé 55 costumes en se laissant inspirer par des crayons, des ballons, des morceaux de tissus et de papier, des sacs en plastique… « Le soir, avant de dormir, je visualisais des objets, des couleurs ».

Remettre dans le contexte

Dans sa démarche, Hubert Crabières a emmené tous les colocataires. « Nous étions tous bloqués dans nos projets alors ils ont été pas mal mis à contribution » pour fabriquer et pour porter ces déguisements, plus ou moins lourds. L’artiste a habillé ses acolytes tous les jours avant de les photographier dans cet appartement qui devient lui aussi un personnage dans cette série. Chaque image révèle une créature, venue d’ailleurs, aux allures de monstre, parfois effrayant mais le plus souvent joyeux, charmant et bienveillant. Toutes sont accrochées au centre photographique Rouen Normandie, comme sur la vitrine d’une boutique. 

Ce travail a été une réelle expérience artistique pour Hubert Crabières. « Certes mon appartement est beaucoup mieux rangé mais cela m’a aidé à confirmer mon intérêt pour le vêtement en tant que costume. Je travaille avec le monde de la mode aussi ». Autre réflexion : l’importance du contexte dans lequel est mené un projet artistique. « L’image n’est quelque chose d’aussi immédiat. Elle n’a pas seulement un impact visuel. Les choses se font dans un environnement donné. Par exemple, dans la mode, il y a un contexte économique particulier. Cela donne une visibilité à une démarche. C’est une structure dans laquelle je vais venir improviser. Je peux laisser là une grande place à intuition ».

Chaque photographie raconte une histoire, un moment de ce confinement qui a duré 55 jours. « Cela reste néanmoins une blague, une longue blague. C’est se prendre au sérieux dans l’humour ».

Infos pratiques

  • Centre photographique Rouen Normandie, 15, rue de La Chaîne à Rouen
  • photos : Hubert Crabières