Le comte Dracula effraie toujours

photo : Arnaud Bertereau

Le Caliband Théâtre fait frissonner avec ce Vampyr, écrit et mis en scène par Mathieu Létuvé qui s’empare du mythe de Dracula. Une pièce bien écrite avec une puissante esthétique cinématographique créée ce mercredi 19 mai au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly avec L’Étincelle à Rouen.

Mathieu Létuvé adore le cinéma. Ses créations en sont imprégnées autant dans leur récit que dans leur esthétique. Dans cette nouvelle pièce, il se tourne vers un autre genre, le fantastique, et se penche sur un personnage qui traverse les décennies. « J’ai toujours été attiré par les grands mythes populaires, que ce soit au cinéma ou dans la littérature ». Cette fois, l’auteur, comédien et metteur en scène, à la direction du Caliband Théâtre, s’empare de Dracula. Pas celui avec « une cape rouge et de grandes dents, une image véhiculée par le cinéma américain ».

Pour écrire Vampyr, qu’il crée mercredi 19 mai au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly avec L’Étincelle à Rouen, Mathieu Létuvé est revenu à la figure du vampire dépeint par Bram Stoker dans son roman, Dracula. Il s’est inspiré également de Nosferatu le vampire de Murnau, « le film le plus emblématique », de Nosferatu, fantôme de la nuit de Herzog, Dracula de Coppola ou encore de Only Lovers left alive de Jim Jarmusch. C’est tout cet imaginaire qui est revisité dans Vampyr.

Une allégorie

Mathieu Létuvé reste néanmoins fidèle au récit de Stoker. Jonathan Harker doit se rendre au château du comte Dracula pour finaliser la vente d’un bien immobilier situé à Londres. Après un voyage rempli de mystères, le jeune notaire découvre un être aux habitudes étranges. Pendant ce temps, en Angleterre, sa fiancée, Mina, s’inquiète de la santé de son amie Lucy, qui ne cesse de s’affaiblir. Seward, psychiatre et directeur d’un hôpital psychiatrique, fait appel au docteur Van Helsing qui remarque des blessures au cou de la jeune femme…

Comme dans ses précédents spectacles, Mathieu Létuvé mène l’enquête avec divers outils, comme le théâtre, la vidéo, la danse et la musique. Il fait avancer son récit avec une succession de tableaux et une série d’entretiens de Jonathan Harker et du docteur Seward. Il rassemble les personnages, au caractère complexe, dans un huis clos expressionniste, les fait évoluer dans des ambiances sombres et joue avec le principe des ombres chinoises pour créer des images fantastiques, parfois angoissantes. Cette esthétique, belle et forte, en noir et blanc, porte une histoire haletante qui emmène entre réalité et cauchemars.

Ce Vampyr est aussi une allégorie d’un monde en prise avec tout ce qui peut vampiriser une vie et conduit vers les recoins les plus obscurs.

Infos pratiques

  • Mercredi 19 mai à 19 heures au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly
  • photo : Arnaud Bertereau