Keita Mori tisse sa toile au musée des Beaux-Arts

Dans le cadre de La Ronde, Keita Mori a réalisé pendant trois jours Bug Report (Corpus), une œuvre monumentale sur une cimaise du musée des Beaux-Arts de Rouen. Juste des fils de coton et des points de colle pour sculpter des espaces imaginaires.

Sur les murs, Keita Mori dessine des lignes. Il fait apparaître le tracé des rues d’une grande ville ou celui d’un mode de transport souterrain, un réseau informatique, un raisonnement par déduction ou par l’absurde, un paysage fantasmé ou encore un espace rêvé. Les œuvres de ce jeune artiste japonais peuvent être également l’allégorie d’un monde éclaté, une explosion des relations humaines.

Keita Mori laisse libre cours à tout imaginaire. Tout d’abord au sien. Il travaille toujours in situ, sans avoir dessiné d’esquisse au préalable. Devant un mur blanc, il est tel un performeur, quelques centimètres de fil de coton dans une main et un pistolet à colle, dans l’autre. Pour lui, une ligne en appelle une autre. Peu importe s’il y a des accidents. « C’est comme quelque chose d’artisanal ».

Un autre vocabulaire

Né en 1981 à Hokkaido, Keita Mori a créé en 2011 son propre vocabulaire, une technique qu’il préfère rapprocher de la sculpture plutôt que du dessin. « Les fils donnent un relief, un volume, certes faible, aussi une forme qui est, pour moi, un texte », explique l’artiste qui a fait le choix de venir étudier en France. « J’ai reçu une bourse de la part du gouvernement japonais pour suivre des cours pendant deux ans, de 2005 à 2007, à l’école des Beaux-Arts à Paris. J’ai ensuite décidé de rester. C’est très riche. Les sujets sont inépuisables. Il y a une réelle modernité à Paris. Chaque matin, lorsque je me lève, j’ai toujours l’impression que c’est toujours le premier jour ».

Pour La Ronde, une exposition qui mêle art contemporain et collections permanentes de la Réunion des musées métropolitains, Keita Mori a sculpté Bug Report (Corpus), cette grande toile improvisée qui vient dialoguer avec le Cheval majeur de Raymond Duchamp-Villon. C’est une nouvelle œuvre qui va s’altérer avec le temps. Keita Mori aime la fragilité ou l’état provisoire des choses. Comme pour rappeler le côté éphémère d’un monde en mouvement.

Infos pratiques

  • Jusqu’au 19 septembre, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures, au musée des Beaux-Arts à Rouen
  • Renseignements au 02 35 71 28 40 ou sur www.mbarouen.fr