Ce sera La Fête des cinémas normands du 10 au 12 septembre. Trois jours pour voir les films à petit prix, découvrir en avant-première trois longs métrages tournés dans la région et tenter de mettre fin à la crise que traverse la filière.
Après l’engouement, une nouvelle chute… 300, c’est le nombre de jours pendant lesquels les salles de cinéma sont restées fermées en France lors du confinement culturel. Richard Patry le reconnaît : « grâce au soutien du gouvernement et à l’accompagnement de la Région, 100 % des salles ont pu rouvrir sur le territoire. Nous avons eu un début d’été prometteur avec une Fête du cinéma le 30 juin qui a réuni 3,6 millions de spectateurs. Début juillet, nous étions revenus à un niveau normal. Il faut dire que les conditions climatiques nous ont bien aidés ».
Puis, il y a eu le 12 juillet 2021, jour de l’instauration du pass sanitaire pour toute personne souhaitant entrer dans un lieu culturel. « Ce fut un coup de frein. Du jour au lendemain, nous avons perdu en moyenne 40 % de fréquentation. Ce sont les multiplexes qui ont le plus souffert. Aujourd’hui, la chute atteint les 35 %, ce qui représente une baisse de 7 millions d’entrées et de 50 millions de recettes », annonce le président de la Fédération nationale des cinémas français et de la chambre syndicale des cinémas en Normandie, à la tête du groupe Noé Cinémas.
Richard Patry n’hésite pas à parler de « crise » pour l’ensemble de la filière cinéma. Ce « coup de frein » est arrivé à un moment où les cinémas ont constaté un vieillissement des personnes qui fréquentent les salles et des changements dans les habitudes avec le développement des plateformes numériques, encore difficile à mesurer. Celles-ci sont devenues « des concurrentes fortes », estime Catherine Morin-Desailly, sénatrice et conseillère régionale.
Trois avant-premières
Pour enrayer cette crise et donner envie de reprendre le chemin des salles, la chambre syndicale des cinémas de Normandie, Normandie Images et la Région Normandie lancent La Fête des cinémas normands. Pendant trois jours, vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 septembre, toutes les séances sont à 5 € dans 60 salles de cinéma. « Ce n’est pas très novateur, s’amuse Richard Patry. Lors de cette Fête, nous avons voulu réconcilier l’amont et l’aval de la filière. Il faut revenir à des fondamentaux. Il est impossible de développer un cinéma de qualité s’il n’y a personne dans les salles ». C’est aussi l’occasion de montrer le travail effectué par Normandie Images qui assure l’accueil des tournages, accompagne les productions… « Nous soutenons en moyenne 90 projets cinématographiques chaque année », remarque Denis Darroy, directeur de Normandie Images.
Parmi ces films, il y a Barbaque, tourné au Havre, de et avec Fabrice Éboué qui forme un couple de boucher avec Marina Foïs. Lors d’une attaque de leur commence par un groupe de vegans, un des militants est tué et se retrouve… sur l’étal de la boucherie. La viande a un tel succès que le couple part dans une folie meurtrière. « C’est décalé, politiquement incorrect et trash », indique Richard Patry.
Autre genre : Ouistreham qui a fait l’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes d’Emmanuel Carrère est une adaptation du livre de la journaliste Florence Aubenas. Dans ce long-métrage, tourné également au Havre, Juliette Binoche est cette femme de ménage sur un ferry qui rallie la France et l’Angleterre. Le réalisateur normand, Xavier Beauvois, est resté sur ses terres pour Albatros, avec Jérémie Renier, Marie-Julie Maille et Victor Belmondo. C’est l’histoire d’un gendarme, confronté en permanence à la détresse sociale, qui veut sauver un agriculteur d’un suicide et provoque sa mort. Ces trois films sont présentés en avant-première pendant La Fête des cinémas normands.
Dans ce contexte morose, Richard Patry veut rester optimiste. Tout d’abord parce que « la sortie au cinéma est toujours quelque chose de fondamental » mais surtout « un film demeure cet objet audiovisuel qui sort dans une salle de cinéma. Il n’y a pas trop d’inquiétude à avoir tant que cette idée ne change pas ». Le président de la Fédération nationale voit également arriver « une nouvelle vague d’une qualité exceptionnelle avec de jeunes réalisateurs qui réalisent des œuvres ambitieuses ».
Infos pratiques
- Vendredi 10, samedi 11 et dimanche 12 septembre dans 60 cinémas en Normandie
- Tarif : 5 €
- photo : Albatros de Xavier Beauvois, Ouistreham d’Emmanuel Carrère et Barbaque de Fabrice Éboué