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Hervé : « je me régale quand j’expérimente »

photo : Romain Sellier

Il y a eu un duo, Postaal. Le voilà en solo avec juste son prénom, Hervé. Il se fait remarquer avec un EP, Mélancolie F.C., puis un album, Hyper, enivrant, sorti en juin 2020, où il mêle l’énergie de l’électro avec la force du verbe d’une certaine chanson française. Avec une voix qui peut se faire mélancolique, Hervé raconte des histoires, parle de rêves brisés, espère un monde meilleur, se dévoile, toujours avec la même intensité. Entretien avant son concert samedi 23 octobre à Ouest Park au Fort de Tourneville au Havre.

Vous avez repris un titre d’Alain Bashung, La Peur des mots. Pourquoi celui-ci ?

C’est le texte qui m’a davantage parlé. Cette chanson a été un déclic. Cette punchline, Tue-moi, je te couvrirai de baisers est d’une force extraordinaire. Bashung fait partie de mes influences.

Avez-vous ressenti cette peur des mots ?

Non, j’ai toujours beaucoup aimé les mots. Je n’ai pas trop lu mais j’ai écouté des chanteurs à texte, de rap… Cela m’a énormément influencé. Quand je me suis lancé dans l’écriture, j’avais une exigence très forte. Il fallait que j’assume. Je m’amuse beaucoup à écrire. C’est une écriture instinctive et c’est de cette manière que je la conçois. Je me régale quand je cherche, j’expérimente. J’ai toujours été curieux, aimé faire différemment. Je ne suis pas allé longtemps à l’école. Alors j’étais hors des circuits. J’étais dans ma chambre avec mon ordinateur et j’ai appris tout seul.

Vous préférez travailler seul.

Oui, j’aime bien cette solitude dans laquelle l’écriture me plonge. Le temps passe vite. À un moment, je fais écouter mes morceaux à mes amis et je finis par être entouré. Mais je n’aime pas les gros studios. Je préfère être tranquille et faire un travail artisanal.

C’est un travail dans lequel vous vous investissez pleinement.

Oui parce que je ne sais pas faire autrement. Ça a toujours été comme ça. Je n’ai pas connu autre chose. J’ai grandi avec cette exigence. C’est au contact des autres que je me suis rendu compte que j’avais un degré d’intensité supérieur à la moyenne. Cela ne m’a pas toujours bien servi, surtout à l’école. Mon cerveau n’est jamais au repos. C’est ce qui drive ma vie.

D’où le titre de l’album, Hyper. Est-ce que cela renvoie à votre adolescence, une période où tout est exacerbé ?

J’ai bien aimé cette période de l’adolescence. C’est à ce moment que j’ai découvert la musique. J’ai arrêté le foot. J’aime bien aussi ma vie d’adulte parce qu’elle est faite de ma passion. Petit, elle était déjà là. Cela se sentait. J’avais un rapport fort au son et à la lumière.

Pourquoi avez-vous fait le choix de sorti l’album juste après le premier confinement ?

C’était essentiel pour moi. Il fallait que cet album sorte cette année-là. Certes je n’ai pas pu le défendre mais j’ai fait la promo à la maison. Je me suis débrouillé avec mon téléphone. Nous sommes plus d’un an après. Ça fait trop longtemps. Aujourd’hui, je suis content. Enfin, je peux faire mon métier. Le public est revenu et nous passons des moments heureux. La flamme ne s’est pas éteinte. J’ai cent dates en six mois.

Comment envisagez-vous la suite ?

Je ne l’ai pas envisagée. Je travaille beaucoup à l’instinct, au jour le jour. J’avance de cette manière parce que je sais que la vie peut offrir des surprises incroyables. Je fais de mon mieux tous les jours. Je prends tout avec joie et je profite.

La programmation

  • Vendredi 22 octobre : Bon Entendeur, Fatoumata Diawara, Ohmns, Dirtsa, Mademoiselle K, Caballero vs Jeanjass, Moonya, Celeritas, Grand Final, Hoshi, Naâman, Pink Flamingos
  • Samedi 23 octobre : Tolvy, Deluxe, François Premiers, Moonya, Silly Boy Blue, Vladimir Cauchemar, Celeritas, Viagra Boys, Hervé, Ayo, Whispering Sons, Balthazar, Pink Flamingos
  • Dimanche 24 octobre : Piswana Orchestra, Képa, Bandit Bandit, Java, L’Oiseau rouge, C’est Karma, Celeritas, Moonya, Pink Flamingos

Infos pratiques

  • Au Fort de Tourneville au Havre
  • Tarifs : de 37 à 28 € une journée, 52 €, 44 € les deux jours, gratuit le dimanche
  • Réservation sur www.ouestpark.com
  • photo : Romain Sellier