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Jean-Baptiste Monnot : « je conçois ce ciné-concert comme un grand poème symphonique »

photo : Jean-Baptiste Millot

Jean-Baptiste Monnot crée un univers sonore au film muet de Carl Theodor Dreyer. La Passion de Jeanne d’Arc, sorti en 1928, raconte cette jeune femme, jugée dans un tribunal ecclésiastique, qui doit faire face aux outrages. C’est vendredi 20 mai à l’abbatiale Saint-Ouen à Rouen en ouverture des Nouvelles Fêtes Jeanne d’Arc. Entretien avec le musicien rouennais qui connaît bien l’orgue et le film.

Comment qualifieriez-vous cet exercice d’improvisation ?

C’est un exercice fabuleux. Il procure une liberté énorme. Avec le cinéma muet, il faut souligner les émotions et les affects des personnages qui sont parfois un peu exagérés. Musicalement, c’est intéressant de venir appuyer, dessiner ces émotions. Je conçois ce ciné-concert comme un grand poème symphonique.

Quel regard portez-vous sur le film ?

C’est un très beau film. L’actrice- Maria Falconetti – y est merveilleuse, étonnante. Elle a un regard très expressif. C’est aussi un film tragique. On connaît la fin. Elle est terrible. Il faut ainsi créer cette tension avec un tempo progressif. Cela demande une gymnastique d’esprit. L’orgue permet d’utiliser cela grâce à toutes les sonorités qu’il offre.

Vous avez déjà joué plusieurs fois sur le film de Dreyer. Est-ce que vous pouvez avoir encore un regard neuf ?

Oui, évidemment. Le film de Dreyer est une fresque énorme et je ne me souviens plus ce que j’avais joué. C’était il y a quelques années. Je repars d’une page blanche. Avant le ciné-concert, je vais revoir le film, trouver des thèmes pour chaque personnage. Ce sont juste quelques notes. Je vais jouer dans un cadre différent et sur un orgue qui va être bâché. Je n’ai aucune idée du résultat sonore.

Comment improviser tout en suivant le film ?

Je vais avoir un écran pour suivre le film et je ne vais pas le lâcher des yeux. Il faut suivre ce qui se passe et presque anticiper. Il y a des choses que l’on sent dans la progression des affects. Avant le ciné-concert, je vais travailler mais pas trop. Sinon, ce ne sera plus de l’improvisation. Il ne faut pas casser la magie du geste spontané.

Infos pratiques

  • Vendredi 20 mai à 20 heures à l’abbatiale Saint-Ouen à Rouen
  • Entrée libre

Les Nouvelles fêtes Jeanne d’Arc

  • Vendredi 27 mai vers 22h45 : Fuegoloko
  • Samedi 28 mai : mini-concert de Natasha Saint-Pier à 11 heures place du Vieux-Marché, parade à partir de 17 heures dans la ville, concert de Kidromi et Museau à 20h30 place du Vieux-Marché
  • Du 26 au 29 mai : troupes médiévales dans la ville