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Manon Labry fait la Chronique d’une révolution punk féministe

photo : DR

Au début des années 1990, aux États-Unis, de jeunes femmes bousculent le milieu underground. Manon Labry vient raconter cet épisode dans l’histoire culturelle samedi 4 juin pendant Rush, le festival du 106 à Rouen, lors d’une conférence intitulée, Riot Grrrrls, chronique d’une révolution punk féministe.

Revolution Grrrl style now ! C’est le slogan efficace lancé par les Riot Grrrls. Ces jeunes femmes sont bien décidées à prendre leur place sur la scène punk underground américaine du début des années 1990, jugée trop masculine et trop codée. Elles dénoncent non seulement le sexisme dans le monde musical mais aussi cette société patriarcale et capitaliste. Elle prendront la parole à travers la musique et les fanzines pour rendre « le punk plus féministe et le féminisme plus punk ».

Manon Labry, docteure en civilisation nord-américaine, évoque l’histoire de ces Riot Grrrls, une chronique d’une révolution punk féministe, dans un livre et lors d’une conférence samedi 4 juin au festival Rush à Rouen. « Je trainais dans les scènes punk. Un ami m’a transmis un CD gravé de Bikini Kill. Je me suis intéressée à ce groupe et j’ai tiré les fils ». Manon Labry a entamé des recherches sur le mouvement et écrit une thèse. « Ces femmes ont été une force de frappe. Dans leur action, il y avait un côté précurseur. J’ai été frappée par leur manière dont elles se sont investies. Elles ont porté tout cela avec un courage, une détermination, un enthousiasme. C’est rare de mettre autant de cœur et d’envie ».

Un héritage

Les Riots Grrrls ne sont pas à l’initiative d’une mais d’une série de révolutions. Né dans la ville d’Olympia (état de Washington), le mouvement qui veut rester loin de toute la culture mainstream est « polyphonique » et prend « des expressions diverses ». Ces femmes s’emparent alors des principes du Do it yourself. Elles s’organisent, s’autogèrent, créent une scène indépendante et des festivals. « La musique fournit un socle, une base de référence musicale commune. Mais on ne peut résumer cette histoire à un mouvement musical. À cette période, il n’y a pas d’Internet. Elles publient des fanzines pour développer le réseau, communiquer entre elles. Il y en a un très grand nombre. Cela a essaimé aux États-Unis et dans le reste du monde ».

De ce mouvement ont émergé des groupes comme Bikini Kill de Kathleen Hanna. « Elle est une figure charismatique, a une voix incroyable et un talent indéniable. Malgré elle, elle a été érigée en figure de proue. Cela allait pourtant à l’encontre de ce qui était voulu : un mouvement sans leader ». Ou encore Tobi Vail, batteuse de Bikini Kill à l’initiative de fanzines. « Elle voulait changer la configuration de la pensée dominante, masculine, blanche, hétérosexuelle ».

Selon Manon Labry, les Riot Grrrls n’ont pas ouvert des voies mais « encouragé à prendre la parole ». Elles ont inspiré et laissé un héritage.

Rush, la programmation

  • Vendredi 3 juin à partir de 18h30 : Kidromi, Black Sea Dahu, QuinzeQuinze, Gystere, Crystal Murray, Lucie Antunes, Lous and the Yakuza, Mansfield.TYA, Vitalic
  • Samedi 4 juin à partir de 16h30 : Dalhia, Manon Labry, Delish Da Goddess, Leonie Pernet, Franky Gogo, BbyMutha, Underground System, Le Juiice, Tshegue, Irène Drésel
  • Dimanche 5 juin à partir de 16 heures : Tolvy, Julien Desprez, John Greaves, November Ultra, Yelli Yelli, Porridge Radio, Chloé, Jacques, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul, Jeanne Added

Infos pratiques

  • Tarifs : de 15 à 5 € une journée, de 24 à 12 € les trois jours, gratuit pour les moins de 13 ans
  • Rush sur la presqu’Île Rollet à Rouen
  • Réservation sur rush.le106.com