Zadig : « raconter une histoire, c’est faire voyager dans une succession d’émotions »

photo : DR

Samedi 20 et dimanche 21 août, le festival DKDF, Der Klang der Familie, du collectif 329 retrouve le fort de Tourneville au Havre. Deux jours de musique avec une programmation éclectique où figure Zadig. L’artiste rouennais, arrivé sur la scène électronique dans les années 1990, est connu pour des sets hypnotiques, oniriques et intenses, élaborés avec des morceaux aux diverses influences. Entretien.

Cela fait trente ans que vous vous produisez dans l’univers des musiques électroniques. Qu’est-ce qui a participé à l’évolution de votre son ?

C’est difficile de répondre à cette question. Un son évolue avec le temps, avec les nouvelles recherches, avec une certaine maturité. Le spectre peut autant s’ouvrir que se fermer parce que l’on fait des choix. Avant la recherche d’un son, c’est une palette d’émotions que je veux exprimer. Selon les sentiments éprouvés, je vais trouver des morceaux à jouer.

Est-ce l’humeur du moment qui vous guide ?

Cela peut être l’humeur du moment mais aussi l’ambiance d’un lieu. Un parc, une forêt, un hangar influencent différemment. L’heure joue aussi. C’est toute une série de facteurs qui entre en compte. Mon but reste de raconter une histoire.

Que signifie raconter une histoire pendant un djset ?

Raconter une histoire, c’est faire voyager dans une succession d’émotions ou de tableaux. Avec la musique, on peut exprimer divers sentiments. Alors j’essaie de nuancer. Un morceau se révèle quand il est joué entre deux autres complètement différents.

C’est très pictural.

Oui. C’est pour cela que j’utilise souvent ces allégories. Je parle de tableaux, de scènes… parce que la musique est associée à l’image. J’en ai pris conscience avec le temps. Plus jeune, j’étais davantage dans l’instinct, dans la spontanéité. Aujourd’hui, je n’ai pas les mêmes intentions. J’aime prendre du recul.

Comment les nouvelles technologies ont influencé votre travail ?

Il y a eu des bouleversements. Les nouvelles technologies ont changé la donne, les capacités d’enregistrement… Elles ont permis l’expression d’émotions spontanées grâce aux ordinateurs. Elles sont une sorte de révolution, avec du bien et du moins bien mais cela est très subjectif. Cependant, bien utilisées, elles ont ouvert des perspectives. Herbie Hancock a été un défricheur dans ce domaine. Il a su utiliser toutes les nouvelles technologies.

Et pour vous ?

Elles ont ouvert des possibles. Plus jeune, j’ai manqué d’assiduité pour apprendre la musique. J’avais toujours mieux à faire plutôt que travailler un instrument. Je me suis alors plongé dans les ordinateurs, les boîtes à rythmes… Avec les synthés, j’ai pu fabriquer des sons. Avant cela, il faut comprendre comment fonctionne la machine. Mais j’ai pu m’exprimer. Récemment, je me suis acheté une guitare.

Le monde de la nuit est resté clos pendant de nombreux mois. Comment avez-vous vécu cette période ?

Le premier confinement a été agréable. J’ai passé du temps au studio et avec ma fille. Après, ce fut plus dur. Cette période a eu une influence sur la musique. J’ai écrit des morceaux plus calmes, plus contemplatifs. Je n’étais pas dans l’énergie de la nuit. Après, la vie a repris et l’énergie est revenue.

Programmation Der Klang der Familie

Le collectif 329, des passionnés et passionnées de musiques électroniques (Photo : DR)

Comme son nom l’indique, Der Klang der Familie (le son de la famille), le festival du collectif 329, un groupe de passionnés, est dédié aux musiques électroniques avec une série de live et de djset. Il est aussi ouvert à toute la famille pour découvrir des artistes confirmés et émergents. DKDF propose durant ces deux jours avec des acteurs locaux, des ateliers de fabrique de costumes, un stade de maquillage et de coiffure, un tournoi de pétanque et d’échecs, des tirages de tarots, une initiation à la photographie…

  • Samedi 20 août à partir de 14 heures : 329 Crew, Jus Bo, Kesta, Mazout, Zadig, Oxyd
  • Dimanche 21 août à partir de 16 heures : Victor Baudin, Black Sand, Stalawa, Nimä Skill presents War Booty

Infos pratiques

  • Les 20 et 21 août à partir de 12 heures au fort de Tourneville au Havre
  • Festival gratuit