Mat Bastard : « j’aime revenir aux sources »

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Des titres fédérateurs, des mélodies entêtantes, un son enivrant et une énergie folle : tout ce qui fait Skip The Use est à nouveau dans cet album, très rock. Human Disorder, sorti le 22 mars 2022, commence dans la noirceur pour aller vers la lumière après avoir traversé diverses émotions pendant les confinements. Skip The Use repart en tournée et sera samedi 19 novembre au Tetris au Havre, samedi 10 décembre au Normandy à Saint-Lô et jeudi 19 janvier au 106 à Rouen. Entretien avec Mat Bastard, chanteur charismatique.

Le désordre que vous évoquez dans l’album, est-il intérieur ou extérieur ?

Les deux sont liés. C’est difficile de trouver un équilibre de vie si on n’est pas à l’équilibre à l’intérieur de soi. C’est tout autant difficile trouver un équilibre si on n’est pas capable de prendre du recul. Pour cela, il est nécessaire d’effectuer un travail d’introspection et de faire des choix. Nous ne pouvons pas faire l’impasse là-dessus. Ce n’est pas à une politique, une religion, son conjoint ou ses copains, encore moins à un algorithme, de faire ce travail. Évidemment, il arrive de se planter mais c’est nécessaire. D’où l’idée d’écrire sur les émotions d’où qu’elles viennent. Peu importe si elles sont positives ou plus sombres. Il y a en effet beaucoup de chansons personnelles dans cet album. C’est la conséquence de tout cela.

Parvenez-vous à cet équilibre ?

Observer fait partie de mon éducation. Mes parents m’ont poussé à réaliser ce travail. Par ailleurs, je suis un ancien infirmier. En exerçant un tel métier, on est obligé aussi de faire ce travail. Il faut être capable de se regarder en face pour savoir quelles ressources on a en soi. Cela reste cependant difficile. Nous restons des humains avec nos systèmes de défense, ces choses que nous ne voulons pas voir, aborder ou comprendre. Nous faisons tous des erreurs. Heureusement qu’il y a la famille et les amis pour aider dans ce travail. C’est très important.

Quelle est votre place pour mieux observer ?

Un peu partout. Je passe aussi beaucoup de temps avec ma femme. Nous sommes très fusionnels et échangeons énormément. Nous vivons aux États-Unis, loin de la famille. Mais c’est cool d’être binational. Cela permet d’avoir un bon poste d’observation et du recul sur les choses. Je lis aussi beaucoup.

Est-ce difficile d’écrire sur les émotions ?

Non, pas forcément si elles sont assumées. Pour les écrire, il faut aller au plus profond. C’est également un moyen de grandir. C’est donc un travail qui n’est jamais terminé.

Cela n’empêche pas le rêve.

Il est important de rester positif. Sans rêve, on n’existe pas. J’ai la chance de jouer de la musique avec mes potes d’enfance. Parvenir à réaliser son rêve est ce qu’il y a de plus gratifiant. Le rêve est essentiel dans l’évolution.

Dans votre écriture, vous gardez cette pointe de sarcasme, parfois de cynisme.

C’est ma manière d’être. Il y a du sarcasme et de l’humour. Difficile de ne pas en avoir après ce que nous avons vécu pendant deux ans. À peine une pandémie mondiale terminée se déclare une guerre.

Il y a néanmoins de pointe de nostalgie dans Les Sables d’or.

Cette chanson a un lien avec l’enfance. Elle est vraiment autobiographique. Ce sont des sensations partagées avec mes potes quand on avait 10 ou 12 ans et que l’on allait sur les plages du Nord. Mes potes d’enfance, ce sont mes potes de vacances. Aujourd’hui, nous avons tous des enfants qui font comme nous. Je ne sais pas si c’est de la nostalgie. En tout cas, c’est une période que je chéris. À cette période-là, mes parents m’ont accompagné afin que je garde les pieds sur terre. On parlait de rêve tout à l’heure. Il y a là quelque chose de cet ordre. Pendant la crise sanitaire, on nous a demandé de nous réinventer. Pour parvenir à cela, il faut savoir d’où l’on vient. Pour moi, c’est à cet endroit où je me suis construit. Alors, régulièrement, j’aime revenir aux sources pour garder cet équilibre.

Et aussi pour trouver la force de serrer le poing, comme vous dites ?

Cela permet de rencontrer le public. Nous sommes un groupe de rock. Des fois, il faut serrer le poing. Sinon, ça ne marche pas. Surtout aujourd’hui. Il faut être loin de ces algorithmes qui ont pour objectif de renverser le cerveau des gens.

Infos pratiques

  • Samedi 19 novembre à 20 heures au Tetris au Havre. Première partie : Dedhomiz. Tarifs : de 29 à 24 €. Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr
  • Samedi 10 décembre à 20h30 au Normandy à Saint-Lô. Tarifs : de 30 à 22 €. Réservation sur www.lenormandy.net
  • Jeudi 19 janvier à 20 heures au 106 à Rouen