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Mellina Boubetra observe les corps

Photo : Patrick de Oliveira

Une soirée et deux pièces chorégraphiques écrites par Mellina Boubetra. La danseuse et chorégraphe, repérée dans le milieu du hip-hop, propose ses premières créations. Elle sera avec sa compagnie ETRA mardi 24 et mercredi 25 janvier à L’Étincelle à Rouen dans le cadre du festival du Rive Gauche, C’est déjà de la danse.

Danse et biologie

Si la danse n’a pas été un vrai choix, le hip-hop en a été un. Mellina Boubetra s’est arrêtée devant un cours donné dans la MJC de Colombes où elle a grandi. Elle a testé et continué dans cette voie. « Le hip-hop était beaucoup plus adapté à la quantité d’énergie que j’avais. Ce que j’aimais aussi, c’était la mixité. Il y avait une bande de filles et de garçons ». 

Il y avait aussi le rapport à la musique, indissociable de la danse. « Mes parents écoutaient beaucoup de musique et il y avait un piano à la maison ». Enfant, Mellina Boubetra a suivi des cours au conservatoire et « allait à la danse. Les deux cohabitaient ». Pour l’artiste, il y a avant tout le rythme. « Il fait bouger les particules. C’est quelque chose proche du vivant, viscéral. Ça résonne ».

La danse tenait donc une grande place dans sa vie. Les études aussi. Son objectif : devenir médecin. Après avoir échoué au concours d’entrée, Mellina Boubetra se tourne vers la biologie. « J’ai fait trois annéess de licence et quelques mois de master. Puis, j’ai accepté de changer de vie. J’ai quand même mis trois ans à prendre la décision. En choisissant de devenir danseuse, je faisais un saut dans l’inconnu. Depuis toute petite, j’allais à l’école et j’avais le souci d’avoir un diplôme ». 

Entre la biologie et la danse, Mellina Boubetra a vite noué des liens. « C’était évident. Je me suis rendue compte que j’étudiais le corps depuis cinq ans. J’observais cet outil ». Elle multiplie alors les shows, les battles all style et intègre des compagnies.

« Un espace personnel »

Mellina Boubetra a trouvé dans le hip-hop sa place, « un espace personnel que personne ne pouvait m’enlever ». La danseuse n’y a pas cherché un endroit de revendication. « La naissance du hip-hop m’a été inculqué. J’en comprends l’essence. Il a surtout soulevé chez moi des questions. Je n’étais pas très grande. J’avais deux ans d’avance à l’école. J’avais besoin de quelque chose de solide, de pouvoir m’affirmer. Le hip-hop a certes une base avec un langage commun mais le plus intéressant est ce moment où on a intégré les codes pour les faire évoluer. Ce sont des phases de découvertes. Le hip-hop devient une matière qui se travaille, se sculpte. Sa diversité est le reflet de la multiplicité des interprètes. Chacun se raconte son histoire et joue son intériorité ».

Écrire

Étape suivante et logique : l’écriture et la fondation d’une compagnie. Pour Mellina Boubetra, avoir une troupe lui permet de « faire de la recherche. Cela rejoint mes envies précédentes : je voulais devenir chercheuse en biologie. J’avais besoin de chercher du lien, de comprendre la pensée qui modifie la manière de bouger. J’ai fait du jazz, du locking, pas mal de break mais je ne comprenais pas comment je dansais, comment il pouvait y avoir un lien entre mes sensations et la danse ».

La compagnie, basée à Paris, est née en 2017 et a trois pièces à son répertoire. Intro et Rēhgma sont présentées à L’Étincelle à Rouen. La première évoque le rapport aux choix et au présent. « J’y ai mis tout ce que j’aime. Elle pose les bases de mon travail ». C’est une chorégraphie pour un trio qui entame une discussion sensible. Dans Rēhgma, Mellina Boubetra et Noé Chapsal racontent à leur manière leur pratique du piano. « J’ai pensé la pièce comme une partition qui résonne dans les corps ». La troisième, Nyst, décèle tout ce peut échapper. Elle a été créée pendant le festival d’Avignon 2022.

Infos pratiques

  • Mardi 24 et mercredi 25 janvier à la salle Louis-Jouvet à Rouen
  • Durée : 1 heure
  • Tarifs : de 16,50 à 3 € 
  • Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr