Le monde impitoyable du patinage artistique

Photo : Humphrey Gerbault

Dans Lames, Kristel Largis-Diaz raconte les coulisses du monde du patinage artistique, les images à respecter, les performances, l’emprise. Le spectacle se crée mercredi 1er février avec la scène nationale de Dieppe avec les représentations à L’Étincelle à Rouen lors de Toute Première Fois, au Rayon vert, au théâtre des Bains-Douches et à la Cité Théâtre pendant En Attendant L’Éclaircie, au théâtre de Lisieux et au Passage.

Pour Kristel Largis-Diaz, l’écriture a été cathartique. Dans Lames, elle sonde les critères de féminité imposés dans la société. Ancienne patineuse, elle a été confrontée à un modèle qui ne lui ressemblait plus, à des remarques violentes, à une domination. A suivi en toute logique une cascade de désillusions et de déceptions. 

« Le texte est inspiré de tout ce que j’ai vécu et vu. À 30 ans, j’ai ressenti un désir de maternité. Je me suis alors demandé comment j’allais vivre cette grossesse après avoir contraint mon corps. Ce corps qui devait être menu et tonique. J’ai eu ce besoin d’écrire. À différentes étapes de ma vie, j’ai été stigmatisée. À 14 ans, j’étais trop vieille pour patiner. À 30 ans, nous sommes trop vieilles pour faire du théâtre. C’est plus compliqué quand on a un enfant. Et c’est encore plus compliqué quand on a 50 ans ».

Sous une emprise

L’autrice et metteuse en scène crée le personnage d’Eugénie, 10 ans, qui rêve de devenir championne de patinage. Elle passe tous les tests pour intégrer les Funambules Étoilées. Elle réussit et croit en ses chances. Eugénie grandit et voit son corps de petite fille se transformer. « Quand il change, il est considéré comme défaillant. La question de la représentation est très importante. Dès 10 ans, on nous demande d’être belles, souriantes, bien maquillées pour avoir de bonnes notes. Les stéréotypes s’imposent ».  Eugénie ne répond plus aux critères établis et devient la risée de son club, autant de son entraineur que des autres patineuses. C’est « la mort de la patineuse », une expression usitée dans le milieu sportif. 

Avec Lames, Kristel Largis-Diaz aborde également le phénomène de l’emprise. « Dès qu’une patineuse est repérée, elle est extraite de sa famille. La semaine, elle a l’école et le patinage. Le week-end, ce sont les compétitions et l’été, les stages. L’entraineur a alors une position omnisciente. Il est le coach, le père, parfois la mère. Il y a un rapport d’admiration et de fascination. C’est à ce moment-là qu’il peut y avoir des dérives ».

Lames raconte l’histoire d’une enfant qui grandit, chute, prend conscience de son échec et tente de se relever. Kristel Largis-Diaz a souhaité interpréter le rôle d’Eugénie dans ce huis clos. « Je devais porter cette parole jusqu’au bout. J’ai tellement mis de distance dans ce texte qu’il a une portée universelle. Mon expérience est devenue un objet artistique. Cela ne me touche plus du tout ».

Infos pratiques

  • Mercredi 1er février à 20 heures au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe. Tarifs : de 25 à 12 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
  • Vendredi 10 février à 20 heures à la salle Louis-Jouvet à Rouen. Tarif : 10 €. Réservation au 02 35 98 45 05 ou sur www.letincelle-rouen.fr
  • Dimanche 12 février à 17 heures au Rayon vert à Saint-Valery-en-Caux. Tarifs : de 11 à 6 €. Réservation au 02 35 97 25 43 ou sur lrv-saintvaleryencaux.com
  • Mardi 14 février à 20 heures au théâtre de Lisieux. Tarif : 12 €. Réservation au 02 31 61 12 13 ou sur www.lisieux-normandie.fr
  • Jeudi 16 février à 20 heures au théâtre des Bains-Douches au Havre. Tarifs : 10 €, 8 €. Réservation au 02 35 47 63 09 ou sur www.theatrebainsdouches.fr
  • Samedi 18 février à 20h30 à La Cité Théâtre à Caen. Tarif : 10 €. Réservation au 02 31 93 30 40 ou sur www.lacitetheatre.org
  • Vendredi 3 mars à 20 heures au Passage à Fécamp. Tarif : 8 €. Réservation au 02 35 29 22 81 ou sur www.theatrelepassage.fr
  • Durée : 1h15