L’Orchestre régional de Normandie, dirigé par Jean Deroyer, porte un regard contemporain sur L’Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky avec le compositeur Martin Matalon et le metteur en scène Benjamin Lazar. Le spectacle se crée les 9 et 10 novembre au Trident à Cherbourg-en-Cotentin et se joue à L’Arsenal, à la scène nationale 61, au Tangram, à L’Éclat et au Théâtre de Caen.
Incontournable
« L’Histoire du soldat reste une pièce majeure ». Jean Deroyer, chef principal de l’Orchestre régional de Normandie, en apprécie toute la richesse et la délicatesse. « Dans toute l’œuvre de Stravinsky, c’est une partition étonnante, après les célèbres ballets. Quand il a composé, il a fait des exercices de styles. Il a emprunté au jazz, à Bach… Il y a aussi du paso doble. Stravinsky s’est certes inspiré de plusieurs musiques mais il a eu le don de les tordre toutes et de les faire siennes ».
Stravinsky, alors exilé en Suisse, écrit L’histoire du soldat en 1917, pendant la Première Guerre mondiale, pour un effectif réduit, juste sept instruments. Autre particularité : cette pièce mêle la musique, la danse, le théâtre parlé et gestuel. Pour le metteur en scène, Benjamin Lazar, L’Histoire du soldat reste « une œuvre fondatrice du théâtre musical du XXe siècle. Stravinsky parvient à instaurer un véritable dialogue entre musique et texte ».
Un écho contemporain
Cette pièce raconte le retour d’un soldat, Joseph, dans son village. En chemin, celui-ci, avec son violon en bandoulière, croise le Diable qui lui tend un piège : son instrument contre un livre mystérieux et la richesse. Arrivé chez lui, Joseph lit le livre, devient riche mais ne connaît pas le bonheur. Alors il repart, traverse un nouveau pays et rencontre une princesse, malade. Joseph parvient à la guérir et s’enfuit avec elle. Quand le couple franchit la frontière du royaume, le soldat est à nouveau pris entre les griffes du Diable.
« L’Histoire du soldat est un conte qui suscite le rêve et fait une allusion très forte à l’époque contemporaine. Notre travail a été de montrer comme cette pièce a une signification que l’on peut s’approprier. Elle évoque des choses très parlantes sur le bonheur, sur la violence de la vie marchande, sur la surconsommation », commente Benjamin Lazar.
Et la princesse, alors ?
Dans ce spectacle, le metteur en scène a souhaité donner la parole à la princesse, jusque là toujours muette. « Quand un personnage ne parle pas, il devient vite très mystérieux et donne envie de l’explorer ». Ramuz, auteur du livret, donne en effet uniquement la parole au soldat, au diable et à un narrateur. Benjamin Lazar a d’une part imaginé un prologue à L’Histoire du soldat. L’orchestre régional de Normandie a d’autre part commandé à Martin Matalon, compositeur en résidence, une partition. Celle-ci « vient en écho à la musique de Stravinsky. Martin n’a pas imité Stravinsky. Il est resté fidèle à son style avec le même instrumentarium de la pièce. J’ai toujours beaucoup de plaisir à diriger la musique de Martin. Elle est basée sur des pulsations, sur des motifs. On entre facilement dedans », indique Jean Deroyer.
Une princesse, née en 2023, part ainsi sur les traces de son père. Elle possède très peu d’informations sur lui. Elle sait juste qu’il a été soldat et qu’il a sauvé la vie d’une princesse. Pour en savoir davantage, elle se rend chez un médium avec des objets de son père pour tenter éclaircir toute la part du mystère.
L’Histoire du soldat de l’Orchestre régional de Normandie et du Théâtre de l’Incrédule devient une enquête quelque peu fantastique qui se déroule en 2060. « Aller dans le futur, selon Benjamin Lazar, c’est une façon de faire de cette Histoire du soldat une histoire contemporaine et de la regarder avec une distance et une mélancolie ». Elle vient également questionner la mémoire d’une famille et la difficulté de transmettre un passé.
Infos pratiques
- Jeudi 9 novembre à 19h30, vendredi 10 novembre à 20h30 au Trident à Cherbourg-en-Cotentin. Tarifs : de 22 à 10 €. Réservation sur www.trident-scenenationale.com
- Vendredi 29 mars à 20 heures au théâtre de L’Arsenal. Tarifs : de 25 à 10 €. Réservation au 02 32 40 70 40 ou sur www.theatredelarsenal.fr
- Mardi 2 avril à 20 heures au Carré du Perche. Tarifs : de 20 à 6,50 €. Réservation au 02 33 29 16 96 ou sur www.scenenationale61.fr
- Jeudi 11 avril à 20 heures au théâtre Legendre à Évreux. Tarifs : de 25 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
- Mardi 16 avril à 19 heures à L’Éclat à Pont-Audemer. Tarifs : 7 €, 5 €. Réservation au 02 32 41 81 31 et sur http://eclat.ville-pont-audemer.fr
- Mercredi 15 et jeudi 16 mai à 20 heures au Théâtre de Caen. Tarifs : de 26 à 8 €. Réservation au 02 31 30 48 00 ou en ligne
- Durée : 1h05