Il y a toujours autant d’élégance et de poésie dans son écriture. Dans ce nouvel album, Bobo Playground, Alexis HK, qui parvient tout de même à écrire le mot colposcopie dans une chanson, y ajoute une bonne dose de dérision, même d’autodérision pour raconter la comédie humaine. Les ambiances varient d’un titre à l’autre quand il s’agit d’évoquer les 18 ans, la transformation d’un jeune anarchiste en bourgeois réactionnaire, les souvenirs d’un vieux rappeur, les tweets de Donald… Il sera samedi 11 novembre au Kubb à Évreux et jeudi 1er février au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Entretien avec Alexis HK.
Pour écrire cet album, vous avez changé votre angle de vue. Pourquoi ?
Oui, sans doute un peu. Ce qui est étonnant, c’est que cet album est relié au précédent. Il a été construit par antithèse de Comme Un Ours. Je suis parti d’une ambiance très sombre pour aller vers la lumière. Dans Bobo Playground, s’allume une lumière artificielle qui s’éteint quand même un peu à la fin.
Est-ce que donner une suite à Comme Un Ours avait été anticipée ?
Non, pas du tout. Je sais désormais ce qu’il faut que je fasse pour être en cohérence. Quand j’ai écrit le précédent album, j’étais très triste, très anxieux. Cependant, il m’a permis de rencontrer quelqu’un et de reconstruire ma vie. Ces deux albums sont deux moments de ma vie.
Ce terme, bobo, n’est presque plus employé. Pourquoi y revenir ?
Ce terme m’a toujours beaucoup amusé. C’est quand même la seule catégorie sociale qui porte un nom de clown. On peut en rigoler. Les Bobos font partie d’une catégorie sociale hybride. Le mot est même devenu péjoratif. Aujourd’hui, le monde change tellement vide.
Il y a davantage d’autodérision dans cet album.
Vieillir, c’est super bien. C’est encore mieux quand on peut vieillir avec plein de temps devant soi. Il est possible de regarder les choses avec davantage de recul, de calme, de prudence. Il est possible de se marrer de plein de choses. Là, autant rire de soi.
Qu’avez-vous gardé de vos 18 ans ?
C’est un âge frontière dont je me souviens très bien, une véritable étape. On commence à avoir conscience du temps qui passe. On peut avoir de nouvelles responsabilités. C’est le début des grandes réalisations. Cela reste quand même un âge galère parce que l’on a besoin d’argent tout le temps.
Quelle place laissez-vous au rêve ?
Je rêve peu parce que j’ai la chance de passer de belles journées. Dans la réalité, je rêve quand arrive une nouvelle chanson, quand quelque chose m’a marqué. En fait, quand je fais des rêves, ce sont des choses ordinaires et basiques. Et la nuit, je dors.
Il y a beaucoup d’ombres dans votre Ville Lumière.
Je voulais parler de tous les clivages. Se complaire dans un idéal bourgeois a ses limites. Quand on regarde autour de soi, on ne peut pas être indifférent à ce qui se passe.
Pourquoi avez-vous le choix de cette reprise de Partenaire Particulier ?
C’est une grande chanson. Le refrain est d’une extrême efficacité. Il y a quelque chose de profond dans ce texte. J’avais envie de la vivre autrement.
C’est la première fois que l’on vous voit sans votre costume.
Je l’ai viré. J’ai fait une ultime crise de jeunisme… Avec cet album, je suis allé dans l’esthétique des bobos avec des fringues plus détente. Mais le costume va revenir très vite.
Infos pratiques
- Samedi 11 novembre à 20 heures au Kubb à Évreux. Tarifs : de 23 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 32 29 63 32 ou sur www.letangram.com
- Jeudi 1er février à 20h30 au Trianon transatlantique à Sotteville-lès-Rouen. Première partie : Foray. Tarifs : de 25 à 5 €. Pour les étudiants : carte Culture. Réservation au 02 35 73 95 15 ou sur www.trianontransatlantique.com