Pendant le festival Normandie impressionniste, le musée des Beaux-Arts à Rouen célèbre Whistler et le whistlerisme jusqu’au 22 septembre. Whistler, l’effet papillon est un beau parcours pour découvrir un peintre à l’esprit novateur, une personnalité singulière et son influence sur la création artistique.
Whistler est une figure truculente. Laura Valette parle même de « phénomène artistique de l’impressionnisme ». Ami de Mallarmé, l’artiste américain (1834-1903), d’une grande exigence, a développé une activité plurielle avec la peinture, la scénographie, le dessin, la lithographie, la gravure. Whistler, qui a travaillé en Angleterre et en France, a toujours revendiqué une grande liberté, cherché des liens entre musique et peinture. Il a signé des chefs-d’œuvre aux ambiances évanescentes et avec un souci du détail. Il a enfin influencé de nombreux artistes de son temps.
Tel est le propos de Whistler, l’effet papillon, l’exposition présentée au musée des Beaux-Arts à Rouen pendant le festival Normandie impressionniste. Ce n’est pas une rétrospective mais une traversée ponctuée de différentes pièces se référant au whistlerisme.
Laura Valette, qui partage le commissariat d’exposition avec Florence Calame-Levert, en donne une définition :
Whistler, l’effet papillon est un parcours, en neuf étapes, qui commence avec Red And Black : The Fan ou Rouge et noir : l’éventail, un tableau avec une harmonie de couleurs, venant des collections de la Hunterian Art Gallery à Glasgow. C’est le portrait d’une femme élégante vêtue d’un long manteau rouge et noir, coiffée d’un chapeau noir avec un papillon rouge et tenant un éventail à la main.
Laura Valette en fait la description et le met en parallèle avec le Light Red Over Black de Rothko, dernière œuvre de l’exposition :
L’exposition présente une grande série de portraits. « Pour les modèles de Whistler, c’était un moment douloureux puisqu’il avait besoin entre 60 à 80 séances de pose. Whistler propose une peinture lisse qu’il met du temps à développer. Alors, il n’hésite pas à faire et à défaire », rappelle Laura Valette. Parmi ces portraits, il y a le célèbre Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste, peint en 1871 et prêté par le musée d’Orsay.
Laura Valette considère ce tableau comme « un manifeste esthétique » :
Le peintre américain découvre le Japon — sans jamais y être aller — et son art, tout particulièrement les estampes qu’il collectionne. Il s’en inspire, porte une attention aux codes pour mieux les détourner et aller vers un minimalisme. Whistler a en revanche voyagé jusqu’à Venise. « Il réalise une suite de gravures plus pittoresques. On y voit les ruelles, la lagune, des scènes de la vie quotidienne », indique Laura Valette. À Londres, Whistler capte d’autres ambiances avec ses Nocturnes aux abords de la Tamise. « Comme Turner, il va traverser la Tamise et regarder les paysages qui l’environnent. Il travaille une autre composition de l’œuvre et reproduit ensuite ses visions dans l’intimité de l’atelier ».
L’exposition, Whistler, l’effet papillon, révèle également la personnalité orageuse d’un peintre. « Son tempérament révolté a suscité fracas et scandales », commente la co-commissaire. Le peintre a toujours soigné son image. Comme l’illustrent une photographie d’Étienne Carjat et un portrait de Giovanni Boldini. Whistler apparaît comme un dandy, quelque peu désinvolte ou romantique.
Comme l’explique Laura Valette :
Whistler a tracé sa voie et intrigué un nombre de peintres. Selon Laura Valette, « une mouvance d’artistes a regardé son travail et se sont mesurés à Whistler. Il a des disciples directs comme Walter Sickert. Certains entraient dans son atelier pour se former auprès de lui et aller dans les secrets de la fabrication. Jacques-Émile Blanche est venu à Londres pour se confronter à sa peinture. Whistler a conscience de cela. Il a pensé à sa postérité. Il a aussi la volonté de transmettre son art puisqu’il enseignera à l’Académie Carmen à Paris ». Whistler a intrigué. Il a beaucoup expérimenté pour faire évoluer son art et renouveler une esthétique.
Infos pratiques
- Jusqu’au 22 septembre, tous les jours, sauf le mardi, de 10 heures à 18 heures, au musée des Beaux-Arts à Rouen.
- Tarifs : 12 €, 7 €, entrée gratuite pour les moins de 26 ans et les demandeurs d’emploi
- Renseignements au 02 35 71 28 40 ou sur en ligne
- Aller au musée en transport en commun avec le réseau Astuce