Un Été au Havre pour découvrir une autre histoire de la ville

Dix nouvelles œuvres se fondent dans le paysage de la ville du Havre. Une onzième a retrouvé sa place. Les artistes d’Un Été au Havre se sont inspirés de l’atmosphère ou de l’histoire de la cité portuaire et soulèvent des enjeux contemporains lors de cette édition, très riche dans les propos et dans les formes. C’est à voir jusqu’au 22 septembre.

La Vague affection de Joël Andrianomearisoa

Ce sera le hasard et une belle surprise. Les poèmes de Joël Andrianomearisoa ont été insérés entre les pages de divers ouvrages de la bibliothèque universitaire. Pour les découvrir, il faudra aller les emprunter. Ce peut être aujourd’hui, demain, après-demain ou dans un temps plus long encore. « C’est une œuvre sans temporalité que j’ai écrite comme un roman, telle une lettre d’amour au Havre ». Pendant un Été au Havre, l’artiste évoque les sentiments sur la façade de la bibliothèque universitaire et des Bains des Docks. Sur la première est écrit en lettres lumineuses « Sur le crépuscule du temps se dessinent nos promesses éternelles » et sur la seconde, « Sur la vague infinie se joue le théâtre de nos affections ».

Bateaux-Bus de Cosmo Danchin-Hamard

Avec Cosmo Danchin-Hamard, les bus se transforment en bateaux. Sur dix d’entre eux, affectés à des diverses lignes, l’artiste, originaire du Havre, a reproduit des bateaux différents, comme des dragues, des paquebots… « Le Havre, cité portuaire, est une ville verticale. Il est donc difficile de représenter les bateaux. Les bus, un des modes de transport, sont réunis dans une flotte. La présence des bateaux sur les bus permet de déconstruire ce que l’on voit tous les jours », explique Cosmo Danchin-Hamard.

Pacifique d’Edgar Sarin

À cet endroit, quai de Marseille, Edgar Sarin a cherché « un geste » pour témoigner d’un passé et d’un présent. « Le Havre est la ville des ports containers », constate-t-il. Dans l’Antiquité, le container, c’était l’amphore qui permettait le transport de l’huile d’olive, des épices, le vin… Pacifique est une pile de six amphores qui se dresse tel un totem rappelant toute une histoire. « J’ai trouvé dans cette forme une sorte de survivance et voulu apporter une sorte d’équilibre dans ce paysage », entre les bassins et les hangars portuaires. Pacifique entre dans la collection permanente.

Sur Le Toit du collectif Sur Le Toit

C’est l’œuvre incontournable de cet Été au Havre 2024. Pour la découvrir, il faut monter sur le toit du parking des Docks Vauban. Là-haut, il y a tout d’abord une vue exceptionnelle sur 360° de la ville et du port du Havre, aussi cette installation du collectif Sur Le Toit. Architectes et paysagistes ont imaginé une petite utopie : un jardin construit avec des matériaux en métal et en bois sur plusieurs niveaux. Là, ils ont planté des courgettes, des citrouilles, de la rhubarbe, du persil, des tomates, des poivrons, de la menthe… « Nous avons voulu une interface entre la ville et le port parce qu’ils se sont toujours tournés le dos. Nous avons voulu aussi que le public s’interroge sur la nature et les risques de submersion. Alors, est-ce que l’artificiel pourra nous nourrir ? » Dans cette installation, il sera possible de rêver devant ce panorama, de lire et de se reposer dans les transats, de faire des pique-niques sur le ponton… 

La Lune s’est posée au Havre d’Arthur Gosse

L’œuvre d’Arthur Gosse était très attendue. L’ancien élève de l’ESADHaR a posé sa première lune lors de l’édition 2021 d’Un Été au Havre et a reçu un vif succès. La Lune s’est posée au Havre est ainsi devenue une œuvre pérenne, cette fois en métal, en résine et en fibres de verre. « L’idée est venue d’une déambulation. Le Havre est une ville de contrastes entre la terre et la mer, entre l’ancien et le contemporain, entre la fluidité de l’eau et la dureté du béton ». Arthur Gosse a créé une magnifique lune éclatante avec ses nombreux reliefs. « Le Havre a été bombardée. Aujourd’hui, la lune se fait bombarder par les débris stellaires ». La Lune s’est posée au Havre, une nouvelle fois dans le square Saint-Roch.

Entre d’Emmanuelle Ducrocq

Emmanuelle Ducrocq est arrivée au Havre il y a trois ans. Depuis, elle poursuit « sa lecture de la ville ». Elle a trouvé dans ce triangle de verdure entre l’avenue Foch et le boulevard François Ier un lieu d’expression. Pourtant, « c’est juste un endroit de grand passage pour les voitures, le tram et les vélos ». La plasticienne a travaillé dans les Fabriques avec les habitants et les habitantes du Havre et leur a demandé de lui confier une chaise. Entre est une installation conçue avec 25 chaises — comme autant de quartiers de la ville — vissées sur des mats de différentes hauteurs. Toutes symbolisent une mémoire, offrent plusieurs points de vue et alertent sur la future montée des eaux.

La Ville qui n’existait pas de Grégory Chatonsky

Grégory Chatonsky est l’artiste associé d’Un Été au Havre. Il présente La Logistique des voix, l’épisode 2 de La Ville qui n’existait pas, couvrant la période entre 1971 et 2024. Même procédé : sur ces bâches, accrochées au mur des bâtiments, il raconte un pan de l’histoire de la ville en y intégrant une fiction. Les images d’archives se fondent dans celles générées par l’intelligence artificielle. Comme dans toutes ses créations, apparaissent des éléments de couleur violette. Cette année, encore, 25 000 cartes postales, des objets uniques, ont été éditées et deviennent le témoin d’un récit. Autre œuvre : un moyen métrage de trente minutes, projeté dans la galerie du Théâtre de l’Hôtel de ville. Toujours avec l’IA, Grégory Chatonsky propose une version alternative de l’histoire du Havre. Les images, à la fois surréalistes et psychédéliques, montrent une cité moderne qui peut être réelle mais surtout inquiétante avec ce mouvement des vagues, ces ambiances de fin du monde et ces personnages au regard hagard. 

No Reason To Move de Max Coulon

Quai Michel-Feré surgit le personnage-maison de Max Coulon. No Reason To Move, élevé en bois, surprend dans cette architecture moderne de Perret et celle de la tour Alta. Posée sur des pieds de géant, la maison semble tout droit sortie d’un conte. Est-elle accueillante ou hantée ? La question reste en suspens.

Épi de Stéphane Vigny

La plage du Havre a conservé son dernier épi en bois jusqu’en février 2024. Cet ouvrage de 40 mètres de long, destiné à contenir les galets, retrouve sa forme exacte un peu plus loin. Stéphane Vigny a conservé dans son atelier les diverses pièces de bois pour les reproduire selon la technique du rocaillage. « Comme un témoignage du passé. c’est une œuvre modeste et humble qui peut être un ready made, un objet pédagogique ». Épi est une longue fresque moderne, prête à affronter le souffle du vent et les rayons du soleil.

Aura de Josselin Desbois

Élève de l’ESADHaR jusqu’à la fin de cette année scolaire, Josselin Desbois a souhaité révéler un élément architectural des bâtiments Perret. Aura est à voir dans les passages couverts, véritables courants d’air, qui traversent les îlots. Cette installation lumineuse se teinte d’un bleu selon la force du vent. « J’ai utilisé un matériau d’éclairage pour lui enlever sa dimension technique et faire venir là un phénomène naturel ». C’est une autre promenade que Josselin Desbois dessine dans la ville.

Hôtel des oiseaux de Ad Minoliti

Ad Minoliti a construit un Hôtel des oiseaux aux jardins suspendus. Cette haute fresque colorée se pare de formes géométriques et colorées. L’artiste y a installé des nichoirs, des abreuvoirs et des mangeoires pour les hirondelles et les rouges-gorges. Elle a ajouté des bancs végétalisés, autre endroit de repos et aussi de lecture pour le public.

Infos pratiques

  • jusqu’au 22 septembre dans la ville du Havre
  • Gratuit