Danakil a sorti son septième album. Demain peut-être, avec ses douze titres, est une réflexion sur la marche du temps, une interrogation sur l’état de santé de la démocratie actuelle et les aléas de la vie. Le groupe reste fidèle à un reggae empreint de groove et teinté de multiples influences. Danakil sera en concert vendredi 18 octobre au Fort de Tourneville au Havre, premier jour du festival Ouest Park. Entretien avec Balik, chanteur de Danakil.
Ce titre, Demain, peut-être, ouvre de multiples possibles. Êtes-vous plutôt optimiste ou pessimiste ?
Oui, complètement. Je pense que je ne ferme pas les yeux sur les divers aléas de la vie. Il n’y a pas de parcours linéaire. Je préfère rester optimiste. Si on ne l’est pas, on subit. C’est ce que je dis dans certains titres. Il faut accepter de connaître des hauts et des bas dans la vie. Demain nous appartient. Alors, c’est à nous de dessiner notre avenir.
Vous le chantez, Ça va, ça vient. Êtes-vous fataliste ?
Oui, c’est une forme de fatalisme. Et je l’accepte. Comme je vous le disais, il n’existe pas de parcours linéaire. Pendant un moment, tout se passe bien. Alors, là il faut recharger ses batteries. À d’autres, tout est remis en question que ce soit individuellement ou collectivement. Cela fait partie de la vie. Ces moments-là nous permettent d’en apprendre davantage sur nous-mêmes. C’est ma façon d’être optimiste.
Vous le résumez avec cette phrase : rien n’arrive par hasard.
Oui, cela résume tout. Cette phrase m’aide à supporter les choses désagréables et imprévues, de traverser ces expériences. J’ai plein d’exemples dans mon quotidien. Cela me fait comprendre tout cela et me permet de m’améliorer.
Dans cet album, la notion du temps est encore très présente.
Elle est présente dans tous les albums. Quand j’avais 20 ans, je me souciais moins du temps et je n’avais pas assez de recul sur les choses pour m’interroger sur ce sujet. Cette question est arrivée ensuite et elle revient sans cesse. Elle est universelle et nous met tous sur un même pied d’égalité.
Est-ce pour cette raison que vous êtes attaché au présent ?
Il faut vivre le présent. Ce n’est pas toujours simple. Mais il faut profiter aujourd’hui. Par exemple, avec les enfants. Ils grandissent tellement vite. Comme nous ne savons ce que demain sera fait, il faut profiter.
Avez-vous ce même rapport à la musique ? Préservez-vous ce côté spontané et instinctif ?
Oui en quelque sorte. Chaque album représente ce que nous sommes en train de vivre. Avec le temps, nous évoluons. Chaque album est connecté à la période que l’on traverse.
Dans cet album, vous multipliez les ambivalences, les contraires.
C’est un angle d’attaque intéressant pour réfléchir. À l’école, nous avons appris à écrire avec ce modèle : thèse-antithèse-synthèse. Tout n’est pas blanc et tout n’est pas noir. Dans toute situation, il y a des avantages et des inconvénients. Tout cela nourrit une réflexion. Ce sont des expériences vécues qui nous sont communes.
Vous faites aussi un constat : La Démocratie balbutie.
Dans ce titre, nous sommes moins dans des ressentis personnels. Je me suis demandé pourquoi les gens ne votent plus. Que s’est-il passé ? Avant on revendiquait le fait de voter. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Et ce n’est pas seulement en France. J’ai vécu aussi en Afrique et j’ai vu des changements de constitution pour rester au pouvoir.
Dans ce domaine, êtes-vous toujours optimiste ?
C’est plus difficile de rester optimiste. Je vais toujours voter. Ce que je rejette, ce sont les extrêmes et surtout l’extrême droite. Elles ont un discours moralisateur pour racoler. C’est tellement facile de dire que les gens en difficulté sont coupables. Je pense que le climat politique est lié au climat économique. Il suffit de regarder l’histoire. Lors des grandes périodes de développement, il n’y avait pas d’extrême droite. Aujourd’hui, le contexte géopolitique est inquiétant. Depuis que je suis né, j’ai l’impression qu’il y a eu des guerres tout le temps.
Infos pratiques
- Vendredi 18, samedi 19 et dimanche 20 octobre au Fort de Tourneville au Havre
- Tarifs : de 47 à 39 €, gratuit le dimanche
- Réservation en ligne
La programmation de Ouest Park
Vendredi 18 octobre
- Nisha, Danakil, Yamé, Mezerg, Faada Freddy, Ladaniva, Menace Santana, Malina, Diskopunk, Uzi Freyja, No Terror in the band, Flying Blanket Mystery, LaPhilantrope, La Chute de la baleine et La Charcuterie musicale.
Samedi 19 octobre
- MC Solaar, Luther, French 79, The Stranglers, Fave, Billy Nomates, Kitty, Daisy & Lewis, Loverman, Sierra, Twente Pamoja, Ditter, Dog and Pony show, Michel Hubert, Melcove et La Charcuterie musicale.
Dimanche 20 octobre
- La Caravane passe, Sasha Nice, ADM, Jean, Annabella Hawk, Accordéon club de Sanvic et La Charcuterie musicale.