Le Plancher est une tragédie familiale. Nicolas Dégremont est seul sur scène pour raconter l’histoire vraie de Jeannot le coupable, paysan du Béarn et auteur d’un texte gravé sur des lattes de bois. La pièce de théâtre est à découvrir vendredi le 15 novembre au théâtre Montdory à Barentin et jeudi 12 décembre au théâtre des Charmes à Eu.
Juste 208 mots sur 52 lignes. Ils ne sont pas écrits mais gravés sur le plancher d’une chambre. L’auteur, c’est Jean Crampilh-Broucaret (1939-1972), ou Jeannot, agriculteur dans les Pyrénées-Atlantiques, qui a exprimé là des sentiments profonds et une vive souffrance, très probablement à la suite du décès de sa mère. Perrine Le Querrec raconte cette tragédie familiale dans Le Plancher, un récit poignant dont s’empare Nicolas Dégremont pour l’adapter au théâtre.
Il est des livres qui laissent des empreintes fortes. Pour le comédien et metteur en scène, il y a entre autres Le Plancher de Perrine Le Querrec, un ouvrage « rangé à l’horizontal. Je savais qu’il reviendrait. J’ai été touché par le parcours de Jeannot. Il a subi des échecs. C’était un homme qui a été empêché. Il voulait devenir instituteur. Or son père lui a imposé de diriger la ferme. Il a aimé une femme en secret. Tout au long du récit, on se demande à quel moment quelqu’un va lui tendre la main ». De cette vie, « il a fait une œuvre, ajoute Frédéric Cherbœuf, metteur en scène. Sur ce plancher, il grave son âme comme un témoignage autobiographique, comme un poème ».
Un homme en déséquilibre
Aux côtés de Catherine Fléau, violoncelliste, Nicolas Dégremont joue à la fois le narrateur de la vie d’un homme seul et Jeannot. La première représentation théâtrale se tient vendredi 15 novembre au théâtre Montdory à Barentin avant le 12 décembre au théâtre des Charmes à Eu. Pour le comédien, impossible de présenter cette pièce sans ce plancher. « Je suis allé le voir et je suis tombé en sidération, se souvient-il. Il fallait le refaire quasiment à l’identique. Je voulais le faire voir. Dans la pièce, c’est même le personnage principal ». « Il a une force théâtrale. Il faut jouer avec », poursuit le metteur en scène. Le plancher a été réalisé par les élèves du lycée des métiers d’art Augustin-Boismard à Brionne.
Pour la première fois, Nicolas Dégremont est seul sur scène. « C’est vertigineux, ça fait peur mais j’adore. Je suis seul à raconter et j’ai comme partenaire le texte, la musique, le silence. C’est très excitant ». Il porte la parole d’un homme fragile. « Il bascule doucement dans une forme de folie. Je me suis interrogé sur le sens du texte, sur la rupture du personnage qui est dans un déséquilibre. On peut faire un parallèle avec la vie de tous les jours parce que nous pouvons tous basculer. Comment goûter ce déséquilibre ? Jeannot nous emmène ailleurs ». Le Plancher est le récit d’un homme marginal et le portrait d’une campagne où pèse le poids des traditions et le regard des autres.
Infos pratiques
- Vendredi 15 novembre à 20h30 au théâtre Montdory à Barentin. Tarifs : de 10 à 5 €. Réservation au 02 32 94 90 23 – Des places sont à gagner pour cette représentation
- Jeudi 12 décembre à 20 heures au théâtre des Charmes à Eu. Tarifs : de 13 à 6 €. Réservation au 02 35 50 20 97 ou sur wwwtheatreduchateau.fr