Le théâtre, une bulle d’humanité

Divine G (Colma Domingo) prend son rôle très au sérieux / Photo : Metropolitan Film Export

Présenté au festival du cinéma américain de Deauville, en septembre 2024, Sing Sing de Graig Kwedar nous envoie dans cette prison célèbre où un homme, incarcéré pour un crime qu’il n’a pas commis, s’évade grâce au théâtre.  

Quatre ans avant le succès populaire de En fanfare, Emmanuel Courcol tournait Un triomphe et envoyait Kad Merad en prison pour animer un atelier théâtre auprès de détenus d’abord réticents puis investis. Aujourd’hui dans Sing Sing, dans la course pour l’Oscar du Meilleur scénario adapté, Graig Kwedar préfère s’intéresser plus particulièrement à l’un des participants à cet atelier de réinsertion : Divine G (Colman Domingo), un prévenu, incarcéré depuis des années pour un crime qu’il n’a pas commis. Le théâtre, les textes, les pièces, sont pour lui le seul moyen de s’évader de cet établissement correctionnel basé à une cinquantaine de kilomètres de New York. 

Graig Kwedar s’est inspiré d’une histoire vraie qui a ému le public du festival du cinéma américain de Deauville d’autant que pour la jouer, aux côtés du comédien Colman Domingo, il a fait appel aux détenus qui l’ont vécue, et parmi eux, le fameux Clarence Maclin, connu sous le surnom de Divine Eye. De fait, après quelques scènes pour illustrer la vie mouvementée à Sing Sing en contraste avec le bien-être qu’apporte l’art en général, et le théâtre en particulier, le réalisateur introduit un élément perturbateur en la personne de Divine Eye : ce caïd parmi les caïds du pénitencier veut intégrer la troupe et se présente à une audition. L’équilibre du groupe risque de vaciller…

Graig Kwedar filme des personnages rustres qui évoluent, s’apaisent en découvrant des auteurs, en endossant des rôles proches ou éloignés d’eux-mêmes, en mettant leur imagination au service d’une œuvre qu’ils créent ensemble. Loin du tumulte des cellules, le théâtre représente pour tous une bulle d’humanité. Côté comédiens, tous sont remarquables de justesse et de sensibilité, et si Colman Domingo, nommé à l’Oscar du Meilleur acteur se montre ô combien touchant, la puissance du jeu de Clarence Maclin, nommé pour l’Oscar du Meilleur acteur dans un second rôle, a de quoi impressionner. Emotions vives assurées.

  • Sing sing de Greg Kwedar (Etats-Unis, 1h46) avec Colman Domingo, Clarence Maclin, Sean San José…