Une fable lumineuse sur la répartition des richesses

Maria (Ariane Ascaride) est aux petits soins pour ses patients et M. Moreau (Jean-Pierre Darroussin) ne s’en plant pas… / Photo : Agat Films

Une fois de plus, Ariane Ascaride est la muse de son mari, le réalisateur Robert Guédiguian. Dans La Pie voleuse, à voir ce mercredi 29 janvier dans les cinémas, il en fait une aide à domicile dévouée qui, par ci, par là, chaparde quelques euros à ses patients.

C’est toujours un bonheur de retrouver la petite famille que Robert Guédiguian met inévitablement en scène à Marseille, et souvent dans le quartier de l’Estaque. Pour son nouveau film, La Pie voleuse, Ariane Ascaride, son épouse et complice de tous ses films, à l’exception du Promeneur du Champs-de-Mars, se glisse une fois encore dans la peau d’une femme simple, aux fins de mois difficiles. Avec un mari au chômage (Gérard Meylan), et un endettement inquiétant, Maria, la soixantaine pesante, continue son labeur d’aide-à-domicile auprès de personnes pas toujours beaucoup plus âgées qu’elle. Et tout le monde adore Maria, surtout M. Moreau (Jean-Pierre Darroussin) encore guilleret dans son fauteuil roulant. C’est que, sans compter ses heures, elle est à leurs petits soins, attentive à leurs moindres besoins, allant faire leurs courses, préparant leur repas, gérant au mieux leur vie compliquée par les aléas de la vieillesse.  

Mais Robert Guédiguian ne se contente pas de mettre la lumière sur un métier difficile et mal rémunéré comme l’a si bien fait François Ruffin dans Debout les femmes !, César du Meilleur documentaire en 2022. Avec La Pie voleuse, le réalisateur marseillais pose clairement le dilemme des rapports de classe. Un dilemme émouvant qu’il expose en filmant Maria qui s’achète des huitres sur le compte de l’un — pas question d’en faire une sainte — , qui grappille quelques euros dans le compotier de l’autre, ou utilise le chéquier d’un vieil homme pour aider à payer le piano de son petit-fils qui se prépare à intégrer le conservatoire. C’est sa vision du partage des richesses et son petit manège discret à la Robin des Bois aurait pu durer encore longtemps si… 

Robert Guédiguian a construit son film comme un thriller qui commence par un cambriolage violent dont les conséquences vont avoir un impact sur la vie de Maria. Notre Pie voleuse finira par se faire piéger quand Laurent (Grégoire Leprince-Ringuet), le fils de M. Moreau, petit bourgeois pédant et désagréable, ayant découvert l’usage frauduleux d’un certain nombre de chèques, porte plainte pour abus de faiblesse. Mais chez Robert Guédiguian, personne ne reste désagréable longtemps. Entre deux envolées de piano romantique, l’amour est une fois de plus au rendez-vous pour ramener de la joie chez les pauvres gens. Avec simplicité.