Une immersion sensorielle dans « La Forêt de glace »

photo : Laurent Philippe

Dans un paysage où le froid sculpte la lumière, La Forêt de glace transpose sur scène l’univers envoûtant de l’auteur Tarjei Vesaas. La chorégraphe Emmanuelle Vo-Dinh y déploie un théâtre d’ombres et de corps en mouvement, à voir mardi 25 février à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan. Conçu pour un jeune public, ce spectacle interroge la mémoire, la perte et le passage vers l’adolescence à travers un dispositif scénique hybride, où danse, musique et images dialoguent.

Publié en 1963, Le Palais de glace de Tarjei Vesaas est un roman d’une grande délicatesse, où l’enfance se heurte à l’inconnu et à l’indicible. L’histoire suit Siss et Unn, deux jeunes filles que tout semble opposer : l’une est bien intégrée dans son village, l’autre est solitaire et marquée par un secret. Entre elles, une amitié naissante est scellée lors d’une rencontre où les mots se dérobent. Le lendemain, Unn disparaît dans un mystérieux palais de glace formé par une cascade gelée, laissant Siss face à une absence qu’elle doit apprivoiser. Avec une écriture épurée, Tarjei Vesaas dépeint l’innocence et la fragilité de l’enfance, la puissance du non-dit et la solitude face à la nature. Le palais de glace devient alors le symbole de l’indicible, de ce qui se fige et disparaît. 

« Je connaissais cet écrivain pour avoir entendu ses textes mis en scène par Claude Régy mais aussi par le cinéaste Philippe Grandrieux, se souvient Emmanuelle Vo-Dinh. Je suis tout simplement tombée sur Le Palais de glace dans une librairie et j’ai été conquise par l’histoire qui laisse place à l’imaginaire et l’écriture très simple et si belle. » Dans son processus de création, la chorégraphe du Pavillon-s a souhaité une immersion dans les paysages norvégiens, dont la rudesse et la beauté nourrissent la dramaturgie du spectacle, à la frontière du ciné-concert et du spectacle vivant.

Fusion des arts

Présenté mardi 25 février à l’espace Marc-Sangnier à Mont-Saint-Aignan, La Forêt de glace joue sur une mise en scène plurielle : le récit, porté par la narratrice Camille Kerdellant, s’entrelace aux mouvements d’Alexia Bigot et Cyril Geeroms, incarnant les tensions et métamorphoses du texte de Tarjei Vesaas. La vidéo, réalisée par Laure Delamotte-Legrand, projette un double imaginaire des personnages et renforce l’ambiguïté du lien entre Siss et Unn. 

« La Forêt de glace est mon deuxième jeune public, remarque Emmanuelle Vo-Dinh. J’essaie toujours de laisser une grande place à l’imagination, ce qui fait que mes spectacles ont différents degrés de lecture. Ils ne sont pas didactiques car les enfants ont un pouvoir d’imagination qui est souvent bien plus grand que celui des adultes. La question du récit dans ce spectacle est bien souvent dépassée par la dimension visuelle et onirique qui permet de laisser les choses ouvertes« .

Enfin, la musique, composée en direct par David Monceau sous l’identité d’Olyphant, accompagne cette traversée sensorielle. Entre nappes sonores et résonances cristallines, le spectacle explore un langage musical en suspension, où un synthétiseur ainsi que du field recording (retraitement des sons de la nature) amplifient la dimension mystérieuse du récit. À travers cette fusion des arts, La Forêt de glace s’impose comme une expérience immersive, une invitation à s’abandonner à la poésie du silence et de la lumière.

Infos pratiques

  • Mardi 25 février à 19 heures à l’espace Marc-Sangnier à Mont Saint-Aignan
  • Durée : 50 minutes
  • En famille à partir de 8 ans
  • Tarifs :  de 15 à1 € 
  • Réservation au 02 79 18 99 00 ou sur www.montsaintaignan.fr
  • Aller au spectacle en transport en commun avec le réseau Astuce