Le Tetris au Havre accueille samedi 15 mars The Undertones, monument de la première vague punk-rock. Les Irlandais du Nord qui ont marqué toute une génération avec des singles fabuleux, aussi nerveux que mélodiques, restent encore aujourd’hui intraitables sur scène.
En 1978, l’animateur John Peel diffuse sur les ondes de la BBC Teenage Kicks, premier single d’un groupe inconnu d’Irlande du Nord quasi jamais sorti de Derry. C’est l’électro-choc pour la génération punk qui ne jurait jusque-là que par The Sex Pistols, The Clash, The Damned et quelques autres gloires du punk rock. C’est également un coup de foudre pour cet ancien DJ de Radio London qui joue et rejoue le disque sans jamais être rassasié. John Peel a toujours revendiqué cette chanson comme la meilleure de tous les temps, allant jusqu’à choisir comme épitaphe la première phrase de la chanson : Teenage dreams so hard to beat. John Peel n’est plus de ce monde, la rébellion des fougueux ados d’hier est lointaine mais les Undertones conservent encore cette rage musicale digne des premières heures comme on pourra le juger au Tetris au Havre samedi 15 mars.
Aujourd’hui âgés de 64, 65, 66 et 67 ans, les quatre Undertones restants ont repris du service en 1999 après la réalisation d’un projet de plusieurs années baptisé That Petrol Emotion. Feargal Sharkey, le frontman historique, teigneux, électrique et si charismatique, a raccroché en 1983 pour privilégier sa carrière en solo puis devenir une figure de premier plan dans l’industrie du disque et des médias au Royaume-Uni, faisant de lui l’une des personnalités publiques les plus influentes. Il se consacre désormais à la défense de l’environnement où son militantisme est aussi efficient que son jeu de scène en 1978.
Paul McLoone, son remplaçant depuis la reformation des Undertones, est donc le cadet du groupe avec seulement… cinquante-sept printemps au compteur. Il ne possède pas la frénésie d’antan de Sharkey mais un brin de voix quasi identique jusque dans l’intonation et l’interprétation. Même le fameux trémolo de l’ancien leader du combo est perceptible. Et qu’en serait-il si Feargal avait conservé son poste ? N’aurait-il pas perdu de sa folie et de sa hargne avec le temps ? Finalement McLoone a très bien relevé le défi et ses prestations scéniques, aussi brillantes qu’effervescentes, confirment le choix judicieux de ses quatre partenaires. Il est même présent depuis bien plus longtemps que le mythique chanteur. Il a participé à l’enregistrement des nouvelles chansons dès 2003, et, sauf pour les inconditionnels de la première heure, il incarne à merveille la continuité des Undertones.
Si Teenage Kicks reste à ce jour le single le plus populaire – mais pas le mieux placé dans les charts – des Irlandais du Nord, d’autres chansons jouent la même carte gagnante de la mélodie pop sous énergie punk jusqu’en 1980. Ces morceaux aux refrains obsédants sont légion chez les gars de Derry, à commencer par Here Comes The Summer, Jimmy Jimmy, You’ve Got My Number, Get Over You, My Perfect Cousin, etc.
Que du lourd ! Que du jubilatoire dans ce copieux répertoire d’hymnes punk, généralement écrits et composés pendant la première période par le guitariste rythmique John O’Neill, principal auteur de la discographie du groupe. Les années post-punk ont poussé The Undertones vers de nouveaux territoires musicaux avec l’expérimentation de sonorités différentes, plus blue-eyed soul avec It’s Going To Happen, la reprise de Under The Boardwalk, l’hyper dansant The Love Parade ou encore Save Me. Mais les changements de goûts du public inhérents à cette époque new wave, le départ souhaité du caractériel Feargal Sharkey et l’évolution technologique auront raison de la bande des cinq.
Avec Brian James de The Damned qui vient de rejoindre Joe Strummer des Clash parti trop tôt au paradis des punks, s’il existe, c’est le moment de foncer voir les derniers piliers du genre avant d’avoir des regrets. Rares sont les anciens groupes composés ou presque des membres originaux. Tout aussi exceptionnels sont les groupes sur qui le temps semble glisser… Alors foncez voir ces vieux adolescents toujours aussi rageurs et irrésistibles, toujours rayonnants malgré le temps.
Infos pratiques
- Samedi 15 mars à 20 heures au Tetris au Havre
- Première partie : Diablerie
- Tarifs : 20 €, 16 €
- Réservation au 02 35 19 00 38 ou sur www.letetris.fr