Les fans d’arts martiaux et les amateurs de jeux cérébraux devraient apprécier Le Joueur de go de Kazuya Shiraishi. Avec une belle noblesse, son héros damne le pion à tous ses adversaires. C’est un film à voir dans les salles de cinéma mercredi 26 mars.
Amoureux du Japon, fans d’arts martiaux et surtout amateurs de jeux cérébraux devraient apprécier Le Joueur de go de Kazuya Shiraishi, puisque le héros du film est un samouraï « à la retraite » qui mène une vie modeste à Edo — ancien nom de Tokyo — avec sa fille Okinu (Kaya Kiyohara). Devenu fabricant de sceau, Yanagida (Tsuyoshi Kusanagi) s’exerce à sa passion : le jeu de go, et dans la région tout le monde respecte ce sage qui leur damne le pion avec dignité.
N’attendez pas un film d’action. Certes, les sabres vont sortir de leurs fourreaux, voltiger au-dessus des têtes et fendre l’air, on frôle même le harakiri, mais le but de Kazuya Shiraishi n’est pas de faire gicler le sang. Au contraire, il insiste sur la grandeur de la stratégie qui permet de vaincre son pire ennemi sans se rabaisser à son niveau. De fait, quand l’honneur de Yanagida est bafoué par des accusations calomnieuses, le samouraï ne sort pas son sabre d’emblée, mais choisit d’utiliser ses talents de joueur de go pour obtenir réparation…
Acteur, mais aussi chanteur, écrivain, youtubeur, Tsuyoshi Kusanagi incarne ce Yanagida, discret et zen tout du moins dans la première partie du film. Lorsque l’heure de la vengeance a sonné, la sérénité apparente de cet homme loyal, inflexible et surtout incorruptible — quand on a été samouraï, on en garde les codes d’honneur — , cache un bouillonnement intérieur dont on doit craindre la colère d’autant que le destin de sa fille est en jeu.
Avec humilité, Le Joueur de Go rend hommage aux films de samouraï dans la lignée des Sept Samouraïs de Akira Kurosawa (1954) ou de Harakiri de Masaki Kobayashi (1962) …
Jeu de go
Né en Chine, le jeu de go se joue au Japon depuis 1 200 ans, avant de se répandre récemment en Occident. Sur un plateau, le goban, sur lequel est tracé un quadrillage, le joueur doit former des territoires et encercler son adversaire, en utilisant des pions blancs ou noirs, dits pierres, que l’on pose à tour de rôle, sur les intersections du quadrillage. Si les règles s’apprennent rapidement, il faut beaucoup de temps pour découvrir les subtilités du jeu qui, sous une apparente simplicité, se montre d’une richesse inépuisable
- Le Joueur de go de Kazuya Shiraishi (Japon, 2h10) avec Tsuyoshi Kusanagi, Takumi Saitoh, Kaya Kiyohara…