Après The Datsuns vendredi 28 mars, Le 106 à Rouen garde le cap vers l’hémisphère sud jeudi 3 avril en accueillant Cash Savage and The Last Drinks, tribu indie rock menée par l’indomptable et authentique Cash Savage.
L’Australie regorge de curiosités géologiques, d’animaux effrayants, de fonds marins magnifiques mais aussi d’artistes, célèbres ou obscurs, disparus ou actuels, en tout cas très nombreux et incontournables : AC/DC, The Church, Tame Impala, Dead Can Dance, INXS, Nick Cave & The Bad Seeds, The Avalanches, The Saints, Jet, The Easybeats… Et aussi Cash Savage and The Last Drinks, en concert au 106 de Rouen jeudi 3 mars, un très bon groupe de studio totalement magnifié sur scène où chaque apparition impressionne et bouleverse le public.
Impossible de rester de marbre devant cette Cash Savage de son vrai nom, autrice, compositrice et chanteuse du groupe. La nièce de feu Conway Savage qui a œuvré au sein des Bad Seeds est une sacrée figure au pays des kangourous. Engagée et impliquée dans les communautés LGBTQI+ de Melbourne, écolo comme l’est « Le Géant Vert » Peter Garrett de Midnight Oil, Cash joue sur plusieurs terrains mais celui de la scène reste son favori. C’est là qu’elle brille le plus, devant ses Last Drinks à géométrie variable même si certains sont présents depuis la création du projet.
Côté musique, le groupe jouait dans un registre new folk à ses débuts mais pousse aujourd’hui le volume des amplis bien plus haut. Il est difficile de restreindre le septet à un style en particulier. Les ambiances sont variées avec une dominante sonore dans la noise où accords dissonants et larsens s’infiltrent furieusement, où guitares et violon s’étreignent avec force. L’atmosphère générale est pesante mais aussi poignante, avérée par des arrangements tendus comme la corde de l’arc qui s’apprête à lâcher prise et propulser la flèche au cœur de la cible.
C’est aussi fulgurant qu’imprévisible. Et ça fait mouche ! Chaque chanson raconte une histoire – son histoire – intime depuis l’écriture du cinquième album So This Is Love qui paradoxalement fait écho à la vie de chacun et de chacune. Quelque part, on se retrouve dans ces mots, dans ces saynètes presque psalmodiées où la lenteur du départ laisse place à l’emballement pour finir par déstabiliser un public pantois, fracassé par la force d’interprétation de Cash.
Pourtant derrière la puissance physique qu’elle dégage se trouve une personne vulnérable. Derrière l’artiste semblant indestructible, se dissimule une personnalité touchante qui utilise la musique et le live comme catharsis à ses tourments émotionnels et à ses conflits intérieurs. C’est le cas dans Keep Working At Your Job : « I’m doing my best to be unlovable / and all you want is someone to love you back (Je fais de mon mieux pour être détestable / et tout ce que tu veux, c’est que quelqu’un t’aime en retour). »
L’Australie n’est pas la porte à côté et l’éloignement géographique complique parfois le développement des artistes indépendants mais Cash Savage and The Last Drinks a trouvé une terre d’accueil chez nos voisins bretons qu’ils visitent régulièrement depuis plusieurs années. Le label rennais Beast Records a sorti les premiers disques du groupe et ne s’est pas trompé en misant sur cette bande de sauvages dont l’histoire remonte à 2008 quand Cash Savage s’entoure de musiciens non attitrés mais disponibles pour jouer si besoin.
La formule initiale et éphémère s’est stabilisée avec l’arrivée de certains piliers comme le bassiste Nick Finch et le producteur Nao Anzaï, puis avec la violoniste Kat Mear et les autres membres. Tous apportent une pièce à cet édifice en mouvement. Chaque concert est différent, voire unique, et celui du 106 n’échappera pas à cette règle malgré une constante tout de même : les Last Drinks aiment terminer la soirée en compagnie du public. Rendez-vous au bar pour un dernier verre ?
Infos pratiques
- Jeudi 3 avril à 20 heures au 106 à Rouen
- Première partie : Metro Verlaine
- Tarifs : de 19 à 4 €
- Réservation au 02 32 10 88 60 ou sur www.le106.com
- Aller au concert en transport en commun avec le réseau Astuce