L’infatigable Eli « Paperboy » Reed pose ses valises et sa classe internationale mardi 22 avril à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu. Une seule date dans la région pour découvrir ce chanteur magnétique, garant du fabuleux Chicago sound de Tyrone Davis et de l’esprit de la soul en général.
Pour fêter ses déjà 20 ans de carrière, Eli « Paperboy » Reed annonce la couleur : « ma passion pour la scène est plus forte que jamais et mon tout nouveau spectacle va faire danser tout le monde. On va passer un super moment, je vous le promets ! » On peut le croire sur parole et ce rendez-vous, mardi 22 avril à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu, ne fera que confirmer les palabres du jeune vétéran de la soul et du rhythm’n ‘blues parce que ses concerts galvanisent tous les publics, même les plus froids, exigeants et moins enclins au laisser-aller, qualificatifs souvent associés à celui de Rouen et de sa métropole selon la légende qui sévit dans le milieu artistique.
Un mythe tenace qui n’effraie pas l’Américain qui s’est déjà frotté à des spectateurs bien plus difficiles et dissipés sur sa terre natale. Il faut dire que le natif de Brookline, petite ville située dans l’agglomération de Boston, possède de nombreux arguments à faire valoir, à commencer par un sens inné et inouï du spectacle. Il a probablement visionné des heures durant les concerts de James Brown et ceux tout aussi cinématographiques de Solomon Burke. On retrouve chez lui de nombreux gestes, expressions et symboles récurrents chez ces deux légendaires showmen. Il rejoue les scènes et s’en amuse beaucoup. Mais Eli possède aussi une voix chaude qui s’illustre dans un registre soprano lorsqu’il monte. Une voix qu’il martyrise à chaque concert, en la poussant à l’extrême pour faire réagir l’assemblée avec des cris stridents et répétés à la manière d’un prêcheur, comme le faisait en d’autres temps le révèrent Clarence Franklin, père d’Aretha et spécialiste du gargarisme vocal.
Un artiste complet
Mais réduire Eli « Paperboy » Reed à un simple chanteur serait un raccourci facile tant il sait tout faire. Avec sa tête de vendeur de voitures d’occasion tout droit sorti d’un film de John Waters, Eli Husock, de son vrai nom, affiche un faciès marquant, presque anachronique, mais dispose de nombreuses casquettes qu’il enfile à volonté : auteur, compositeur, musicien de studio, producteur, professeur de guitare… Cet artiste complet s’est même illustré dans la découverte de nouveaux talents et notamment du génial trio new-yorkais Harlem Gospel Travelers qui avait totalement conquis le public du 106 il y a deux ans.
Malgré toutes ses qualités, rien n’est jamais gagné pour ce touche-à-tout de la musique, surtout dans ce registre soul qui, certes, enchante un public fidèle et passionné mais souvent vieillissant. Eli « Paperboy » Reed connaît bien le couplet du désenchantement qu’il finit toujours par transformer en point positif pour mieux rebondir. Il paraît qu’on apprend par la défaite et Mister Reed a goûté à la désillusion par le passé, notamment lorsqu’il s’est fait virer de Warner en 2014. Le business ne fait pas de cadeaux.
Des incontournables
Pourtant Eli n’est pas revanchard vis à vis des grosses machines du disque même si c’est plus difficile d’exister et d’enregistrer des disques ambitieux sans les moyens techniques et financiers des majors. Il s’est adapté et a trouvé du soutien chez Yep Roc Records, label indépendant qui le suit maintenant depuis quatre albums dont un enregistré dans les conditions du live. D’ailleurs, le dernier projet discographique réalisé à ce jour, Down Every Road sorti en 2022, commence à dater pour celui qui compose habituellement à la vitesse de la lumière pour lui-même et pour les autres.
Le prochain opus ne devrait pas tarder et on peut s’attendre à quelques nouvelles chansons proposées dans la set-list de l’ECFM, ceci en espérant les incontournables Come And Get It, Young Girl, Burn Me Up ou encore Explosion qui conclut chaque concert de manière atomique. L’impeccable Eli, costume satiné, chemise immaculée, cheveux plaqués et visage brillant, devient alors une sorte d’alien de concert, trempé de sueur, marqué physiquement par l’effort intense fourni tout au long du concert. Une vraie bête de scène en quelque sorte.
Infos pratiques
- Mardi 22 avril à 20 heures à l’espace culturel François-Mitterrand à Canteleu
- Première partie : Hugo Derechy
- Tarifs : 16,40 €, 10,90 €
- Réservation au 02 35 36 95 80 ou en ligne