Jean Crampilh-Broucaret a subi toute sa vie. Une vie qui se terminera dans la folie. Le paysan du Béarn laissera comme témoignage un texte gravé sur le parquet de sa chambre. Nicolas Dégremont de la compagnie Le Qui-Vive relate le parcours tragique d’un homme en souffrance.
Nicolas Dégremont a été très touché par l’histoire de Jean Crampilh-Broucaret. Et il le montre dans Le Plancher, présenté au théâtre des Charmes à Eu. Il est seul sur scène, une première pour le comédien et metteur en scène rouennais, pour porter ce parcours dramatique, raconté dans le livre de Perrine Le Querrec, Le Plancher. Il y a une justesse dans l’interprétation et dans les émotions de ce personnage, toujours en déséquilibre sur le fil d’une vie avant de basculer dans une folie.
Jean Crampilh-Boucaret (1939-1972), dit Jeannot, est le troisième enfant d’une famille, partie du nord de la France pour s’installer dans les Pyrénées-Atlantiques et exploiter une ferme. Là-bas, tous seront considérés comme des étrangers. Jeannot tente de construire sa vie. Ce ne sera pas simple. Devenir instituteur ? Pas question pour son père qui a déjà décidé de son avenir. Il sera paysan. L’amour ? Jeannot a aimé mais seulement en secret. L’homme a subi, essuyé des échecs et beaucoup souffert. Le tout en silence.
Un témoignage
Nicolas Dégremont éprouve dans son corps les différents sentiments de Jeannot qui va se fracasser contre les parois d’une réalité qui n’est pas la sienne. Il est ce personnage prisonnier d’une douleur, impossible à contenir au fil des années. Sur scène, le comédien est seul et accompagné par la violoncelliste, Catherine Fléau. La musicienne, qui peut prendre la figure de la mère, souligne avec délicatesse les ruptures émotionnelles de Jeannot.
Nicolas Dégremont est seul et joue avec cet élément de décor imposant. Le plancher, fabriqué par les élèves du lycée des métiers d’art Augustin-Boismard à Brionne, est là tel un personnage, témoin d’un geste fou. Après le décès de sa mère, Jean Crampilh-Broucaret a gravé sur les lattes de bois de sa chambre 208 mots sur 68 lignes. Une œuvre désormais unique signée par un homme empreint d’une profonde humanité et exposé au musée d’art et d’histoire de l’hôpital Sainte-Anne à Paris.
Infos pratiques
- Vendredi 15 novembre à 20h30 au théâtre Montdory à Barentin. Tarifs : de 10 à 5 €. Réservation au 02 32 94 90 23
- Jeudi 12 décembre à 20 heures au théâtre des Charmes à Eu. Tarifs : de 13 à 6 €. Réservation au 02 35 50 20 97 ou sur wwwtheatreduchateau.fr
- Vendredi 9 mai à 20 heures à la chapelle Saint-Louis à Rouen Durée : 1h15. Réservation en ligne
- Exposition du Plancher de Jeannot jusqu’au 27 avril 2025 au au musée d’art et d’histoire de l’hôpital Sainte-Anne à Paris. Tarif : 5 €, gratuit pour les moins de 26 ans, les demandeurs d’emploi. Renseignements au 01 45 65 86 96