Le projet du 14.7 n’aboutira pas

Pas de 14.7, nom provisoire d’un projet artistique qui devait faire rayonner la culture normande. Avant la prise de décision par Thomas Jolly et Thierry Reboul, les critiques se sont bien fait entendre. Retour sur une déception avec Marie-Andrée-Malleville, adjointe en charge de la Culture de la ville de Rouen.

La polémique est partie à la vitesse d’une trainée de poudre et laisse aujourd’hui comme un goût très amer. Pendant quelques jours, elle a été alimentée par des propos indécents. Le feu a été d’autant plus attisé que s’est ouverte une période électorale avec plusieurs scrutins. Est revenu en filigrane le débat, très ancien, sur la culture : essentielle ou pas essentielle ? Est-ce seulement un coût, une dépense ou aussi un investissement ? Les postures sont tenaces, voire inquiétantes. 

La décision a été prise par Thomas Jolly et Thierry Reboul, les deux maîtres des cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques de Paris en 2024. Le 14.7, le spectacle qu’ils étaient en train d’imaginer n’aura pas lieu le 14 juillet à Rouen. « Nous avions pris cette proposition comme un cadeau. Ce devait être un moment de partage pour rappeler nos valeurs républicaines. Ce qui est important aujourd’hui face aux enjeux politiques », confie Marie-Andrée Malleville, adjointe à la Ville en charge de la Culture.

Des retombées

La somme des 11 millions d’euros n’a pas été réunie. Dans un communiqué, les deux protagonistes précisent : « La part d’argent privé nécessaire à la tenue du projet 14.7 n’est pas atteinte. Par conséquent, la part d’argent public envisagée pour ce projet n’est pas sollicitée ». Celle-ci devait être entre 5 et 6 millions. « Nous ne sommes pas ignorants. Une telle somme pour un tel événement, ce n’est pas une gabegie, martèle Marie-Andrée Malleville. Nous savons ce que cela génère en terme d’attractivité, de tourisme, de retombées… Dire le contraire, c’est ignorer que la culture pèse dans l’économie ».

Dans ce même communiqué, Thomas Jolly et Thierry Reboul rappellent : « ce projet aurait permis de mobiliser plusieurs centaines de professionnels du spectacle vivant locaux, (artistes de toutes les disciplines, associations culturelles, équipes techniques, événementielles, audiovisuelles) et de faire rayonner les talents et le patrimoine normands à travers une diffusion télévisée potentielle de 10 millions de spectateurs en France, ainsi qu’une diffusion à l’étranger. Le tout au moyen d’un événement populaire, gratuit et fédérateur, pour une jauge de spectateurs équivalente au Stade de France ».

« Nous étions dans une confidentialité »

Retour au point de départ : en décembre 2024, Thomas Jolly revient vers sa ville natale avec une proposition artistique en extérieur le 14 juillet. « Rien n’a été divulgué parce que rien n’était ficelé et bouclé. C’est absurde de parler de secret. Nous étions dans une confidentialité pour éviter des déceptions. C’est le quotidien de beaucoup de personnes, voire un grand classique : nous pensons à des projets mais nous ne pouvons pas les monter », rappelle l’élue à la Culture. Il y a dix jours, « nous avons informé les élus qu’un projet émergeait et qu’il serait soumis au vote s’il était validé ». 

La Ville de Rouen aura eu Zeus, ce magnifique cheval d’argent, installé sur l’Agora Sequana jusqu’au 23 mai. Cette œuvre qui a marqué la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet 2024 enthousiasme encore. Il n’y aura pas de 14.7, un spectacle d’un metteur en scène inventif et généreux qui sait éclairer les textes classiques à la lueur d’aujourd’hui et faire rêver avec des créations extraordinaires.