Lola Doillon s’intéresse à l’autisme avec une héroïne Différente que l’on apprend à connaître avec empathie grâce à Jehnny Beth qui donne vie à cette jeune femme aussi brillante que singulière. Le film sort sur les écrans de cinéma mercredi 11 juin.
L’héroïne de Lola Doillon est une documentaliste confirmée, parfaitement adaptée à son travail solitaire et calme. Autour d’elle, chacun s’est habitué à son comportement réservé et son rapport aux autres quelque peu chaotique. La vie de Katia va basculer en travaillant sur un reportage dédié à l’autisme. Mettre enfin un mot sur sa différence, va bousculer sa vie.
« Je ne connaissais pas grand-chose à l’autisme, confie Lola Doillon invitée à présenter son film aux Rencontres du Sud à Avignon. Je connaissais de loin, comme tout le monde. Comme Katia, je me suis documentée, j’ai rencontré beaucoup de personnes auprès desquelles j’ai essayé d’en savoir le plus possible tout en me disant que je ne parlerai que d’une seule personne et que ce ne serait pas représentatif de tout le monde. On dit qu’il y a autant d’autismes que d’autistes. »
Pas de remake
De fait Différente, c’est d’abord l’histoire de Katia (Jehnny Beth) qui aime Fred (Thibault Evrard). Et si vivre ensemble n’est pas toujours simple pour le commun des mortels, ça peut être encore plus compliqué lorsqu’on se sent Différente dans une société normée. Mais pas question pour Lola Doillon de signer le remake du Rain Man de Barry Levinson (1988), son héroïne n’est pas une femme savante, capable de compter en deux secondes le nombre d’allumettes tombées de leur boîte. « Je voulais que Katia soit juste en tant que femme, en tant que femme autiste dans cet autisme-là, en tant que femme dans le couple qu’elle forme avec Fred. Je ne suis pas spécialiste de l’autisme, ce qui m’importait, c’était la justesse. »
Il n’empêche que sa description touchante de son héroïne est elle aussi très juste : « J’ai découvert les spécificités de certaines femmes autistes sans déficience intellectuelle, justifie Lola Doillon, et ce qui m’a troublée c’est que beaucoup d’entre elles ont été diagnostiquées tardivement. » Sa Katia a 35 ans lorsqu’elle prend conscience de son état.
Pas de numéros de clowns, pas de cris, pas d’effets phénomène, la formidable Jehnny Beth — trop méconnue — maintient son personnage dans un équilibre parfait. Posée, calme, elle nous fait ressentir les émotions qui traversent Katia. L’empathie nous envahit lorsque les doutes s’emparent d’elles avec toujours cette angoisse du regard des autres. Le comportement de ses collègues, de sa mère ou même de son amoureux va-t-il changer depuis que le mot autiste a été prononcé ? A vous de voir.
- Différente de Lola Doillon (France, 1h40) avec Jehnny Beth, Thibaut Evrard, Mireille Perrier…