Désamour et introspection

La passion de Maria (Helga Guren) et Sigmund (Oddgeir Thune) peut-elle durer / Photo : Øystein Mamen

Premier long-métrage de la réalisatrice norvégienne Lilja Ingolfsdottir, sur les écrans de cinéma à partir du mercredi 18 juin, Loveable dresse un portrait sans concession d’une femme en pleine crise conjugale.

Lilja Ingolfsdottir plante le décor en quelques scènes, Maria (Helga Guren), l’héroïne de Loveable, vient juste de se séparer du père de ses deux enfants. En plein blues, elle va de fête en fête, espérant trouver un homme qui saurait l’aimer. Etre aimée, la grande question du film. Un jour, Maria croise le beau Sigmund (Oddgeir Thune). Au premier regard, elle en est persuadée, c’est lui, l’homme de sa vie. Maria fait tout pour le retrouver, le séduire, et, force est de constater qu’ils sont faits l’un pour l’autre. Mais jusqu’à quand ?

Lilja Ingolfsdottir filme les premières rencontres comme les scènes d’une comédie romantique : on vibre avec Maria lorsque Sigmund la prend dans ses bras. Elle est belle, sexy, forte, sûre d’elle… Mais la réalisatrice n’en reste aux beaux jours et choisit de dresser son portrait sans concession. 

Une métamorphose

On retrouve donc Maria débordée par son rôle de mère de quatre enfants qui n’a même pas le temps de chercher un emploi. Elle en est au point d’envier Sigmund qui voyage de plus en plus pour son travail. Avec le temps, la voilà devenue moins craquante, son sourire se fait plus rare et plus amer, ses propos plus agressifs… Sigmund ne la reconnaît plus, ne la supporte plus et veut divorcer.

Le sujet serait banal si Lilja Ingolfsdottir ne lui donnait pas une tournure originale. Plutôt que de blâmer le mari/père absent qui ne participe pas assez aux efforts que réclame la vie d’une famille nombreuse, la réalisatrice amène son héroïne à s’interroger sur son propre comportement avec le soutien d’un thérapeute. Alors oui, Maria a de la peine, Maria est en colère, Maria souffre mais elle continue d’avancer. Flash back et ralentis à l’appui pour le spectateur, Maria revit intérieurement quelques-unes de ses réactions négatives, ses regards froids, ses rejets discrets, ses colères intempestives, ses manipulations perfides qui ont pu désorienter Sigmund et l’amener à s’éloigner d’elle. 

Reste à donner un coup de chapeau à la comédienne  Helga Guren qui raconte — la voix off a du bon — et interprète l’histoire de Maria. Elle porte le film en donnant à cette femme énergique — parfois enlaidie par la détresse — une force mêlée d’une vulnérabilité qui la rend bouleversante.