L’homme au retour de la guerre

Ulysse tente l’épreuve que tous les prétendant de Pénélope ont raté / Photo : Ithaca Films / Marvelous Productions

Plus souvent producteur et scénariste que réalisateur, Uberto Pasolini signe The Return, Le Retour d’Ulysse par passion pour la poésie d’Homère. Le film du neveu du célèbre Luchino Visconti sort dans les cinémas ce mercredi 18 juin.

Uberto Pasolini était sur la côte normande ce week-end  pour présenter The Return, Le Retour d’Ulysse dans le cadre des 39es Journées romantiques de Cabourg. Car quoi de plus romantique qu’une épouse fidèle qui attend son mari parti à la guerre depuis vingt longues années… Ulysse et Pénélope, ces héros de la mythologie grecque, avaient toute leur place au programme du festival. « Tout le monde en a entendu parler, commente le réalisateur, au moins au collège, mais il s’agit d’une épopée racontée dans vingt-quatre volumes dont on ne retient que les aventures les plus spectaculaires comme le cyclope, les sirènes, la nymphe Calypso. Moi j’ai choisi de m’intéresser au retour d’Ulysse, au retour du soldat vers sa terre, vers les siens, vers sa femme, Pénélope, et ce fils, Télémaque, qu’il n’a pas connu. » 

Uberto Pasolini opte pour la simplicité. The Return n’a rien du péplum hollywoodien : pas de troupes aux armes rutilantes, pas de chevaux fougueux parfaitement contenus, pas de costumes clinquants. Rien ne doit détourner le spectateur de cet homme qui rentre chez lui après avoir fait la guerre. Cet Ulysse (Ralph Fienes) qui échoue nu sur la plage d’Ithaque n’est qu’un homme au corps tailladé de multiples blessures, hagard, méconnaissable qui ignore encore qu’il a atteint sa destination. Des esclaves vont lui venir en aide et c’est en mendiant qu’il se mêlera aux prétendants qui menacent leur fils Télémaque (Charlie Plummer) et harcèlent Pénélope (Juliette Binoche), lui réclamant de choisir un mari parmi eux…

Proche de Ralph Fiennes, Uberto Pasolini lui propose le rôle d’Ulysse qui l’accepte en suggérant Juliette Binoche pour incarner Pénélope. Le couple émouvant du Patient anglais se recompose pour ce film en costume, lent, sans concession, sans effets spectaculaires, et qui atteint son but : nous interpeler sur les effets de la guerre sur l’être humain et le difficile retour à la vie normale.