Mess My Mind : retour vers le passé

Photo : DR

Ce n’est pas vendredi saint mais la grand-messe des sixties retrouve sa place au Havre avec le retour du Mess My Mind vendredi 20 juin au Tetris au Havre. Un festival avec trois groupes et trois DJs pour s’immerger dans le psychédélisme sous toutes ses formes. 

On ne l’attendait plus. On le croyait disparu, parti rejoindre les légendaires festivals des sixties mais le voici qui ressurgit tel un héros qui ne meurt jamais… Mess My Mind est de retour et ça va jerker de plus belle au Tetris au Havre vendredi 20 juin. Il réapparaît comme une sorte de préambule à la fête de la musique sans baraques à frites/merguez tous les dix mètres ni punks à chiens saturés de bière bon marché.

Mess My Mind préfère le chic et les couleurs des sixties comme on pourra le découvrir sur le public durant la soirée parce qu’ici le dress code est de rigueur. L’univers vestimentaire de l’époque se dévoile sous toutes ses coutures : camaïeu, spirales, mini-jupes, couleurs vives ou saturées, volutes, figures circulaires, vestes cintrées, chemises et polos à col poignard ou beagle, fleurs, strass, formes kaléidoscopiques, etc.

Jusqu’à 1h30

C’est donc reparti pour un tour de piste dans la grande salle du Tetris avec une équipe réduite composée des trois piliers Jérôme Daniel aka Dandelion, JulBö et Éric Morel qui nous éclaire sur cette défection de quelques années : « tout le monde était très occupé par d’autres projets et Jérôme a regagné ses terres ebroïciennes. La distance a compliqué un peu l’organisation. La Covid n’a pas non plus facilité les choses même si nous avions tenté une édition dans l’urgence juste après le confinement. Mais, surtout, dénicher un lieu adapté qui nous accueille et puisse ouvrir jusqu’à 4 heures du matin devient très compliqué. » 

Mess My Mind retrouve donc la Smac havraise en 2025 mais avec une fin de soirée prévue à… 1h30 : « C’est un problème et on doit faire avec ! C’est déjà bien d’être hébergé par le Tetris avec des conditions techniques appropriées mais cet horaire forcé est frustrant pour nous mais aussi pour le public qui aime danser pendant et après les concerts sur les galettes jouées par les DJs.  », lâche un brin amer Éric qui devient Fez Rector lorsqu’il balance certaines raretés vinyliques du genre Mirtha y Raul, Los Ovnis ou encore La chanteuse canadienne Karo pour exciter les insatiables du dancefloor.

Du live

Ses deux compères de l’organisation complètent le triptyque de DJs programmés pendant la soirée. Mais Mess My Mind n’est pas qu’un rendez-vous de collectionneurs et pousseurs de vinyles et une grande partie de la soirée est réservée au live. Là encore, c’est au nombre de trois que les groupes s’enchaînent avec deux formations néerlandaises, Mooon et Frankie’s Strange Machine, et Les Synapses, combo d’origine havraise et régulier du festival.

Les Pays-Bas seraient-ils l’un des derniers bastions des sixties en Europe ? Selon Éric : « Oui même s’il y a aussi l’Allemagne avec pas mal de groupes actifs et, bien sûr, la Grande-Bretagne mais c’est plus compliqué de faire venir les British chez nous aujourd’hui. La Hollande est intéressante parce qu’elle possède un beau panel de groupes influencés par la période psychédélique et le rock garage. La question de la distance se pose aussi en cette période de récession économique parce que nous avons des moyens financiers limités. » Organiser un festival demande en effet du temps, de la motivation et un budget conséquent, ceci sans parler de la prise de conscience écologique, qui peut être également sujet à la réflexion portée sur le choix de la programmation.  

2025 joue donc la carte batave avec Mooon (en photo), trio familial originaire du Noord-Brabant composé de deux frères, Tom et Gijs de Jong, et de leur cousin, Timo van Lierop, tous plongés dans l’univers de la pop psychédélique et du british beat depuis 2013. Le groupe a déjà sorti trois albums et un nouveau single, You Got It All, est prévu pour le mois d’août. Mélodies somptueuses, fuzz à gogo, harmonies vocales et expérimentations autant rythmiques que sonores constituent la matière première musicale et lunaire de Mooon. Si son ADN se situe bien sûr dans les années 1960, du côté des Who, des Monkees, de Grapefruit mais aussi de Straberry Alarm Clock, le groupe s’octroie toutefois quelques virées dans la décennie suivante pour élargir son champ artistique.

Plus récent et tout aussi alléchant, Frankie’s Strange Machine provient également du pays de l’Edam. Encore un groupe resté coincé dans cette époque folle et témoin d’une liberté artistique absolue. Un groupe folk-rock mené par un Frankie Lamberts détonnant, qui s’impose en leader charismatique et songwriter déconcertant. Ses textes associent contes de fée et histoires absurdes sublimement enrobées d’ambiances psychédéliques changeantes. On passe de la douceur à la furie en quelques chansons. On peut entendre Frankie dans de nombreux autres projets néerlandais mais le premier album de ce nouveau groupe culmine bien au-dessus du lot. 

Enfin, Les Synapses sont chargés d’ouvrir les hostilités sur fond de garage rock sauvage et sexy. Presque une routine pour ce groupe du Havre qui écume toutes les salles d’Europe depuis trente ans environ. 

Mess My Mind 2025 s’offre un retour gagnant en conservant le même esprit mais livre une version un peu plus light que par le passé en regroupant l’ensemble du festival sur une soirée. Même le Fabulous Vintage Market habituellement proposé en parallèle s’est déroulé en mai 2025. « Nous sommes conscients qu’il faudra revoir l’organisation et, à l’avenir, associer d’autres espaces dans la ville et élargir la proposition artistique comme on le faisait avant avec la diffusion de films cultes ou obscurs, l’installation d’expositions, notamment liées au graphisme, et pourquoi ne pas imaginer des conférences thématiques », reprend un Éric Morel ambitieux et accro aux sixties mais clairvoyant quant à l’avenir de ce festival havrais unique en son genre dans la région. C’est l’occasion pour le public, jeunes et anciens, fidèles et néophytes, d’entrer dans le monde sonore et coloré de Mess My Mind. « Turn on, tune in, drop-out », comme le disait Timothy Leary en 1966 !

Infos pratiques

  • Vendredi 20 juin à 20 heures au Tetris au Havre
  • Tarifs : 16 €, 12 €
  • Réservation en ligne

Pour tenter de gagner des places, écrivez-nous à muriel.relikto@gmail.com en nous précisant quel est l’auteur de cet article !