Gaza, mafia et cinéma

Osama (Majd Eid) et Yahya (Nader Abd Alhay)les rois de la débrouille / Photo : Dulac Distribution

Après Dégradé et Gaza Mon Amour, les réalisateurs palestiniens Tarzan et Arab Nasser reviennent avec une comédie noire, Once Upon A Time In Gaza, un film à voir dans les salles de cinéma mercredi 25 juin. 

Après Dégradé,  un drôle de huis clos dans un salon de coiffure gazaoui pour femmes, présenté à la Semaine de la Critique lors du Festival de Cannes 2025, après Gaza Mon Amour, romance poétique entre deux sexagénaires présentée au Festival de Venise en 2020 et sélectionné pour représenter la Palestine dans la course aux Oscars 2021, Once Upon A Time In Gaza marque le retour de Tarzan et Arab Nasser avec une comédie noire sélectionnée dans la section Un Certain Regard au dernier festival de Cannes.

Et si personne n’aurait envie de se retrouver à Gaza par les temps qui courent, le spectateur peut se réjouir de suivre les frères Nasser sur leur terre natale et remonter le temps jusqu’en 2007. Parce qu’avec eux, l’humour a toujours sa place, même dans les situations les plus tragiques.

Un autre conte

Le héros de Once Upon A Time In Gaza aurait pu être Osama (Majd Eid), dealer charismatique qui n’a peur de rien ni de personne, ou Abou Sami (Ramzi Maqdisi), beau ténébreux mais flic pourri. Non, le héros de cette comédie noire, c’est Yahya (Nader Abd Alhay), petit étudiant rêveur qui gagne sa vie dans la modeste boutique de falafels d’Osama. Pour celui-ci, Yahya accepte bon gré mal gré de glisser des gélules illégales dans ses sandwiches. Les affaires tournent bien jusqu’à ce qu’ils croisent le chemin d’Abou Sami, un officier de police corrompu bien décidé à contrarier leur plan.

Comme Sergio Leone avec Il était une fois dans l’Ouest (1968) et Il était une fois en Amérique (1984), comme Quentin Tarentino  avec Once Upon A Time In Hollywood (2019), Tarzan et Arab Nasser détournent la fameuse formule des contes pour enfants pour livrer une histoire sombre qui s’adresse plutôt aux adultes dans un Gaza pas encore ravagé par les bombes mais où l’on vit pauvrement ; les magouilles permettant d’arrondir les fins de mois. 

Les réalisateurs s’amusent à rendre sympa le parrain du coin et particulièrement odieux le ripoux. C’est celui qui paraît le plus insignifiant qui finalement devient le héros. La preuve : il a été choisi pour être le personnage principal d’un film tourné avec l’accord des décideurs politiques. On l’envierait presque, enfin  jusqu’à un certain point car on est bien obligé de se demander si, à Gaza, les histoires peuvent finir bien. La réponse de Tarzan et Arab Nasser n’est pas très optimiste.