La résilience avant le bonheur

Le lien entre Jeanne (Sophie Davout) et Tom (Sacha Guerry) semble remis en question / Photo : Mitiki

Bertrand Guerry affirme que Le Bonheur est une bête sauvage et nous emmène sur l’île d’Yeu où les habitants partent à sa recherche, plus ou moins rassurés. Le film sort dans les salles de cinéma mercredi 2 juillet.

Avant de montrer l’ours installé sur l’île d’Yeu, Bertrand Guerry nous présente Jeanne (Sophie Davout, co-scénariste) qui vit isolée du monde depuis que son mari et sa belle-soeur ne sont jamais rentrés d’une balade sur l’océan, dix ans plus tôt. Rien ne semble combler ce vide, pas même les visites de Tom (Sacha Guerry), son neveu, qui, à 19 ans, aspire à quitter l’île pour faire l’acteur à Paris. Ce désir d’évasion va peut-être faire bouger les choses mais Jeanne n’est pas prête à le voir partir.

Bertrand Guerry signe un film à petit budget, réalisé en famille et entre amis, et tourné dans le décor magnifique des dunes et plages côtières où erre une Jeanne. Hantée par l’absence, celle-ci s’interroge encore sur sa place de survivante, au point d’en oublier de vivre alors qu’à ses côtés les insulaires heureux partagent des moments de vie — karaoké, loto, Scrabble, concert — avec enthousiasme. Parmi eux, la joie de vivre est envahissante et l’amour prêt à investir jeunes et moins jeunes. On aime le petit grain de folie d’Oskar et Viktor, la rencontre amoureuse de Jan et Suzanne, deux septuagénaires malicieux, l’accueil généreux d’une mère et sa fille, Babette et Emma.

La présence de l’ours n’est que prétexte, un détonateur aussi inattendu que le départ d’un jeune homme pour la capitale. Ces deux-là vont bousculer le train-train quotidien de ces âmes joyeuses et peut-être faire renaître la vie dans le cœur de Jeanne. Un film ou peut-être une fable, parfois cocasse, parfois nostalgique, mais surtout profondément humaine qui peut faire penser à l’univers décalé de Wes Anderson.