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55 jours pour créer ensemble

Amélie Chalmey et Angelo Jossec ont imaginé 55. Aujourd’hui, la metteuse et le metteur en scène rouennais lancent un appel à tout partenaire pour rendre possible ce projet estival de création collective, ouvert à tous les artistes.

Pas un été sans les artistes

Quel est le point de départ de 55 ? Ce pourrait être un sentiment de frustration. Le 11 mai, « le monde est reparti sans nous. Nous étions sur le bord de la route alors que nous avions beaucoup d’envie. Nous n’y avons pas pensé pendant le confinement puisque le monde était arrêté ». Angelo Jossec et Amélie Chalmey sont metteur et metteuse en scène rouennais, à la tête d’une compagnie, respectivement Le Théâtre des Crescite et Alchimie. Avec la crise sanitaire, leur activité s’est brusquement arrêtée avec des annulations de dates de représentation. Elle l’est encore aujourd’hui. « Pendant cet été, il ne se passe rien. Beaucoup d’événements ont été annulés alors que certains auraient pu avoir lieu. Nous savons que cela ne remplacera pas ce qui a été annulé mais c’est une réponse possible et complémentaire aujourd’hui ». Donc pas de travail pour les intermittents du spectacle. « Nous sommes artistes. C’est à nous de lancer des initiatives » pour « aider tout le monde à faire ses 507 heures » et aussi « interroger notre capacité à être réactifs face à un besoin commun ».

55, c’est quoi ?

Amélie Chalmey et Angelo Jossec sont partis d’un principe : « à situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle ». 55, comme le nombre de jours de confinement, sera celui de spectacles pluridisciplinaires donnés entre le 30 juin et le 23 août. Le but n’est pas de présenter les créations des compagnies régionales mais de fonder 55 équipes de 5 artistes évoluant dans toutes les disciplines. « Chacun se retrouve au hasard du calendrier en fonction de ses disponibilités pour une carte blanche d’une journée. La représentation du soir est une sorte d’happening ». Elle sera inédite et unique. Un artiste peut renouveler une fois sa participation. 110 d’entre eux sont déjà inscrits sur le planning géant de 55. Quant aux lieux, ils sont multiples. Ce peut être les structures culturelles, les jardins, l’espace public, les sites patrimoniaux… 30, la plupart dans la métropole rouennaise, sont aussi sur la liste.

Un appel aux partenaires

55, porté également par la Ville de Rouen, reste à l’état de construction. Amélie Chalmey et Angelo Jossec qui imaginent cette folle épopée artistique et solidaire depuis un peu plus de deux semaines sont encore à la recherche de partenaires, « les structures, les municipalités, les institutions. La crise a montré une interdépendance de la corporation culturelle. Ce milieu, ce n’est pas seulement les artistes ». De multiples partenaires pour partager du beau sur un grand territoire et « créer un fonds de solidarité et payer les artistes ». Ils ont besoin de 80 000 euros pour mener à bien cette belle initiative. « Cette initiative ambitieuse nous a tout de suite enthousiasmés. Elle correspond à ce que nous défendons. Nous aimons être en accompagnement en mettant à disposition des ouils, en sollicitant les autres structures et collectivités et en octroyant des moyens financiers. Cela a fait écho à notre volonté de proposer une saison estivale tout en respectant les règles sanitaires et se déroule avec la réouverture du #Labo Victor Hugo », remarque Christine Argelès, première adjointe à la Ville de Rouen, en charge de la Culture, de la Jeunesse et de la Vie étudiante.

Pour le public, ce ne sera pas payant mais pas gratuit non plus. « Il fait partie de ce projet parce qu’il apportera son soutien selon ses possibilités. C’est le principe du chapeau ». Avec 55, chaque artiste va pouvoir reprendre une parole et renouer un lien avec le public. Ils sont désormais prêts « à chevaucher le tigre ; pas à faire cavalier seul ».

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