Une affiche sans prise de risque

L’affiche, le logo et la programmation du prochain festival à Evreux ont été dévoilés mercredi 8 février dans la nouvelle salle de musiques actuelles. Ce sera Rock in Evreux les 23 et 24 juin 2017 avec Trust, The Prodigy, Jain, Talisco, Machine Gun Kelly…

 

Guy Lefrand, maire LR d’Evreux, aime la musique. Qui en doutait ? A l’annonce de la venue de Trust au prochain festival rock à Evreux, il a repris Antisocial pendant l’écoute de l’extrait musical. Certes, un peu hésitant, mais Trust, ça date un peu – Antisocial qui figure sur le deuxième album Répression est sorti en 1980. Moment amusant puisque les paroles de ce titre sont aux antipodes des idées défendues par son parti.

 

La programmation. Trust est donc une des têtes d’affiche du prochain festival d’Evreux. Quarante ans après leur formation, Bernie Bonvoisin et Norbert Krief ont décidé de revenir avec leur rock énervé. A l’affiche, il y aura à Evreux The Prodigy, rock electro, Machine Gun Kelly, rappeur américain, Steve’n’Seagulls avec ses reprises de rock et de métal, Yuksek, un des illustres représentants de la french touch. Et aussi Jain, Talisco qui ont fait beaucoup parler d’eux ces derniers mois. En tout 19 groupes dont quatre normands. Sur la page Facebook du festival, les commentaires sont élogieux. Surtout ceux écrits par les élus de la Ville.

C’est Paul Langeois, directeur du Big Bang Café et de Beauregard à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen, qui programme le festival d’Evreux. « Pour moi, cela a été un pari. J’ai intégré l’équipe en urgence. Réaliser un tel travail en janvier, c’est trop tard. J’ai voulu donner une suite à ce qui s’est fait pendant trente ans tout en lui donnant une ouverture avec un mélange des esthétiques musicales. La qualité d’un festival, c’est sa capacité à se remettre en question ». Pour cette édition, Evreux ressemble beaucoup à Beauregard. Paul Langeois n’a pas pris pour l’instant beaucoup de risque. « La recette permet de fonctionner cette année ». Qu’en est-il pour les éditions suivantes ? Comment programmer deux festivals dans une même région ? « Je n’ai pas eu à me poser cette question cette année parce que la programmation de Beauregard est terminée depuis le 10 janvier. Elle se posera par la suite. Est-ce que je reviendrai en 2018 ? Je ne suis pas sûr. Je suis quelqu’un d’intègre », confie Paul Langeois.

 

Une nouvelle association. Normandy Rock porte désormais le festival Rock in Evreux. L’association, présidée par Vincent Ficot, commerçant ébroïcien, président d’une union commerciale, a déposé ses statuts au début du mois de janvier. « Un soir, mes enfants m’ont dit : ce n’est pas possible qu’il n’y ait plus de festival à Evreux. Nous nous sommes alors promis d’en monter un. Nous avons présenté notre candidature. Depuis, nous sommes comme investis d’une mission ». Vincent Ficot est entouré de Christophe Courtonne, trésorier, et Hajar Faharidi, secrétaire.

Pour organiser le festival, l’association emploie des salariés ou fait appel à des prestataires : Yann Biville, directeur général, ancien directeur du Normandy à Saint-Lô, Mario Rodriguez, directeur technique du festival Beauregard, Yann Gault, directeur de l’agence de communication Antharès à Gravigny, chargé de la communication. Sans oublier Paul Langeois. L’ex-Basse Normandie arrive en force dans l’Eure. Pas étonnant tant Guy Lefrand a vanté le modèle Beauregard pour assombrir l’image de l’Abordage.

Jusqu’à la présentation de l’affiche, Normandy Rock n’avait pas encore sa licence d’entrepreneur de spectacles, un document indispensable pour organiser un tel événement. Vincent Ficot reste cependant confiant. « Je l’avais jusqu’en 2007 ou 2009. C’est juste un renouvellement ». L’association met sur la table 1,4 million d’euros et sera soutenu par la Ville d’Evreux à hauteur de 200 000 €, de la Région Normandie et du Département de l’Eure. « Chaque collectivité a mis davantage que les années précédentes pour faire venir des artistes », remarque Guy Lefrand. Pour le reste, « nous aurons des financements privés et la billetterie », assure Vincent Ficot. Mauvaise nouvelle pour les festivaliers, les tarifs seront plus élevés (70 € les deux jours contre 66 € l’an passé).

 

Une communication. Le maire d’Evreux a choisi de dévoiler la programmation dans la nouvelle salle de musiques actuelles qui n’a toujours pas de nom. Une salle pleine à craquer ouverte au public avec champagne et petits fours. Le festival d’Evreux n’avait jamais eu droit à autant de lumières pour la découverte de sa programmation. « Nous avons beaucoup entendu que le rock était mort à Evreux. Nous avons alors voulu montrer que la Ville a la volonté de porter un festival », indique Jean-Pierre Pavon, adjoint en charge de la Culture et du Patrimoine culturel.

C’était une soirée de grandes découvertes. Celle du nom du festival, Rock in Evreux, facile. Dans le in, il faut lire « indépendant, insolite, insouciant », commente Yann Gault, responsable de la communication du festival. On retiendra également un logo illisible. Et une affiche, plutôt ringarde, avec ces trois visages véhiculant divers clichés dessinés d’un trait grossier. « Ils représentent l’histoire du rock avec le passé, le présent et l’avenir. C’est la femme qui représente le futur. Pour une fois, elle sourit ». Encore un autre cliché, de surcroît sexiste !

 

L’esprit du Rock dans tous ses états s’est bel et bien envolé. Guy Lefrand fait la démonstration qu’il préfère les paillettes à une aventure collective humaine, occultant le travail d’une équipe qui a su repérer quelques beaux groupes.

 

  • Vendredi 23 et samedi 24 juin à l’hippodrome de Navarre à Evreux. Tarifs : 70 € les deux jours, 42 € une journée. Offre Pass deux jours pour 200 personnes : 42 €.