Autour des Papiers Nickelés

yves frémionLe Kalif présente l’univers du fanzine dans ses locaux à Rouen et également au festival de la bande dessinée à Darnétal. Yves Frémion, écrivain, journaliste, critique de bande dessinée qui s’investit dans le fanzinat depuis de nombreuses années, présente à NormandieBulle les Papiers Nickelés, revue dont il est le rédacteur en chef et qui met en valeur la chose dessinée.

 

Vous avez beaucoup contribué au développement du fanzinat. Pourquoi ?

J’y en en effet pas mal contribué. Le fanzine permettait de s’exprimer facilement. Il était aussi un bon moyen de se faire connaître. Aujourd’hui, il y a les blogs. C’était un moyen de se faire connaître et reconnaître. Grâce au fanzine, j’ai été repéré par des gens comme Wolinski, Professeur Choron, Bretécher… Après ça, ils m’ont appelé pour des collaborations.

 

Quel était le premier fanzine auquel vous avez participé ?

Il s’appelait Racines. C’était un fanzine de poésies à Bordeaux. Trois numéros sont sortis.

 

Pourquoi un fanzine de poésie ?

J’ai toujours écrit un peu de tout. Je publie mes poèmes, je me produis aussi dans différents lieux avec des musiciens.

 

Après il y a eu Le Petit Mickey qui n’a pas peur des gros

C’était en 1972. J’écrivais depuis déjà dix ans. Je trainais dans ce milieu qui s’intéressait à la bande dessinée, à la science fiction. A l’époque, tout le monde se foutait de ma gueule. C’était plutôt émergeant. Je tapais les textes sur les stencils et ma femme les passait dans la machine. C’était de l’improvisation totale. Dans ce fanzine, pas de poésie mais des calembours. C’était de la déconne pure sur la science fiction. Après est arrivé Charlie Mensuel. Ce fut la chance de ma carrière. Je fais partie de cette génération qui a eu 20 ans en 1968, un moment où tout changeait dans la culture. C’était très porteur.

 

Quel regard vous portez sur l’évolution des fanzines ?

Aujourd’hui, les fanzines sont tous beaux et hyper professionnels. On peut faire des trucs somptueux avec la technologie actuelle. De plus, les coûts ont fortement diminué. Il y a vraiment de vrais bijoux. D’ailleurs, nous avons créé le prix Papiers Nickelés qui récompense le meilleur ouvrage sur le dessin imprimé sur papier au festival d’Angoulème.

 

Vous parlez de la forme. Et dans le fond ?

C’est toujours mal au point. Ce sont des gens qui ne savent pas toujours écrire et qui ont des influences fortes. C’est normal et ils ont raison. Quand on commence, on s’appuie toujours sur des artistes. Mais il faut le faire pendant un temps.

 

Au festival NormandieBulle, vous présentez les Papiers nickelés.

Nous avons 42 numéros. On commence à ne plus savoir où les mettre. Cette revue porte sur toutes les formes de l’image populaire, le plus souvent sur le commentaire de la bande dessinée. La bande dessinée est un milieu sympathique où tout le monde ne se prend pas au sérieux et ne se jalouse pas. Cela reste décontracté. Ces dernières années, la bande dessinée a pris plusieurs virages. Elle touche tous les milieux aujourd’hui et est issue de tous les milieux. La nouveauté : la bande dessinée est devenue un art pour les adultes. Là, le contenu a beaucoup changé.

 

  • Au festival de la bande dessinée, NormandieBulle, à Darnétal samedi 27 et dimanche 28 septembre. Tarifs : 5 €, 3 €. Renseignements au 0232 12 31 70 ou sur www.normandiebulle.com