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« Coronis », une fantaisie baroque

C’est une belle découverte que promet le Poème harmonique. L’ensemble de Vincent Dumestre ressort des oubliettes une zarzuela de Sebastián Durón, compositeur espagnol. Créé au Théâtre de Caen, Coronis est un récit fantastique issu de la mythologie grecque, une histoire d’amour mise en scène par Omar Porras. C’est à voir vendredi 31 janvier et samedi 1er février à l’Opéra de Rouen Normandie.

Un détour vers l’Espagne

Avec le Poème harmonique, on voyage volontiers en France et en Italie. Vincent Dumestre, le fondateur de l’ensemble, explore des territoires baroques, connus ou inconnus, allant du XVII au XVIIIe siècles, avec Cadmus et Hermione de Lully, Egisto de Cavalli ou encore Charpentier, Monteverdi. Changement de direction : le Poème harmonique a porté son regard vers l’Espagne du XVIIe siècle. Ce détour est presque une suite logique. Selon Vincent Dumestre, « l’Espagne est très présente dans les répertoires français et italiens. Depuis le début du XVIIe siècle, la musique française est teintée de ce répertoire espagnol, de cette verve spécifique à ce pays ».

Vincent Dumestre s’est penché sur une partition de Sebastián Durón (1660-1716). « C’est un musicien qui a mené une belle carrière. Il a été maître de la chapelle royale à Madrid ». C’est la modernité de l’écriture qu’a tout d’abord retenu Vincent Dumestre. « Son répertoire est passionnant. Il est à la frontière de l’opéra italien et des musiques française et viennoise. À cette époque, l’Espagne est archaïque parce qu’elle est encore dans une polyphonie qui rappelle le siècle précédent. Avec son esprit avant-gardiste, Sebastián Durón fait la synthèse de cette Europe baroque. Il amène une incroyable modernité ».

Zarzuela ou pas ?

Vincent Dumestre fait entendre un opéra, complètement oublié. Coronis, composé a priori en 1702, est « un ovni où tous les styles se recoupent, une œuvre très personnelle ». Elle a été jouée devant Philippe V, le jeune roi d’Espagne et petit-fils de Louis XIV. À cette époque, la mode était à la zarzuela, un spectacle lyrique qui confronte le chant et le jeu. Or, Coronis est un spectacle entièrement chanté. « Il garde différents aspects de la zarzuela mais prend aussi les modèles de l’opéra italien. C’est une œuvre de paradoxe » où se mêlent divers genres dont des « lamenti sensuels » et autres tondais et colas.

Coronis, une nymphe

Coronis est une fantaisie baroque avec « une prose et une poésie raffinées, une écriture subtile ». Le poète anonyme qui a écrit le livret s’est inspiré des fables de la mythologie grecque, notamment du livre II des Métamorphoses d’Ovide. Coronis est une nymphe qui doit mourir par noyade dans la mer Égée ; une prédiction de Diane, la prêtresse. Elle parvient à s’échapper à deux reprises des tentatives d’enlèvement de Triton, monstre marin, amoureux de la belle. Elle espère alors trouver réconfort et aide auprès d’Apollon. C’est sans compter l’amour que lui porte Neptune. Les deux deux vont s’affronter et déclencher une guerre pour conquérir non seulement l’amour de Coronis mais aussi la tutelle de la ville de Phlègre.

Une distribution féminine

C’est une particularité de l’œuvre : la distribution est féminine avec sept sopranos et aussi… un ténor pour le rôle d’un vieux devin, Protée. En Espagne, seuls les femmes étaient formées au chant dans les troupes artistiques. Omar Porras, connu pour son travail sur le théâtre de tréteaux, a mis en scène cette fable pleine de fantaisie dans laquelle se croisent chanteuses et chanteur, musiciens et musiciennes, et aussi acrobates.

Infos pratiques

  • Vendredi 31 janvier à 20 heures, samedi 1er février à 18 heures au Théâtre des Arts à Rouen.
  • Tarifs : de 68 à 10 €. Pour les étudiants : carte Culture.
  • Réservation au 02 35 98 74 78 ou sur www.operaderouen.fr

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