Combat pour la musique

Premiers Regards sur le cinéma du monde : Jacqueline Caux a présenté mardi 14 janvier au théâtre Charles-Dullin à Grand-Quevilly Si je te garde dans mes cheveux, un film sur les femmes compositrices et musiciennes originaires de Syrie, Tunisie, Palestine et du Maroc.

 

Jacqueline Caux et Camille Jouhair, directeur des Regards sur le cinéma du monde
Jacqueline Caux et Camille Jouhair, directeur des Regards sur le cinéma du monde

Le cinéma de Jacqueline Caux ouvre tout grands les yeux et les oreilles. Il montre pour faire tomber quelques idées reçues et pour ne pas oublier. La musique reste le fil rouge de ce travail entamé avec son mari, Daniel Caux. Le festival Automne en Normandie avait projeté Les Couleurs du prisme, la mécanique du temps sur les musiques électroniques. Les Regards sur le cinéma du monde ont présenté Si te garde dans mes cheveux sur les musiques arabes.

Son intérêt pour un tel répertoire ne date pas du Printemps arabe. Avec Daniel Caux, la cinéaste a participé au milieu des années quatre-vingt aux Journées des musiques arabes au théâtre Nanterre-Amandiers, dirigé par Patrice Chéreau. Quels liens avec les musiques électroniques ? « Il y en a parce qu’il est aussi question de répétition dans les ces musiques, qu’il y a un rapport à la transe. Elles mettent vite en branle le corps ».

Si je te garde dans mes cheveux dresse le portrait de quatre femmes musiciennes : Hadda Ouakki, chanteuse berbère bouleversante, Amina Srarfi, violoniste qui a fondé en 1992 le groupe Les Musiciennes, Kamilya Jubran, joueuse de oud, et la compositrice Waed Bouhassou. Une cinquième artiste apparaît dans ce film. Oum Kalthoum à laquelle Jacqueline Caux rend hommage à travers des images d’archives. Cette femme émouvante qui a marqué plusieurs générations fait là le lien entre le Maghreb et le Moyen-Orient.

Jacqueline Caux trace dans ce film un chemin dans la diversité des musiques arabes, évoque la manière dont ces femmes ont digéré cette histoire musicale si riche et apportent leur regard, leur créativité, leur talent, leur féminité et aussi leur engagement.

titreSi je te garde dans mes cheveux comporte bien évidemment une dimension politique. Le titre aborde d’emblée « le tabou des cheveux que l’on ne doit pas montrer ». Toutes les musiciennes refusent de porter le voile. Le film commence sur cette image de la belle chevelure d’Amina, en train de jouer du violon.

« Je suis admirative de leur courage ». Hadda Ouakki, Amina Srarfi, Kamilya Jubran et Waed Bouhassou ont certes des parcours plus ou moins sinueux, des âges différents mais elles sont animées par ce même désir de liberté, de résistance aux diktats et par cette nécessité de créer. Elles doivent prendre la parole. « Dans leur action, dans leur attitude, dans cette manière d’exprimer la difficulté d’être, il y a quelque chose qui me rappelle le blues », remarque Jacqueline Caux. C’est la musique qui porte ce combat de chaque instant.

 

Regards sur le cinéma du monde 

  • Les dates : tous les jours du mardi 21 au vendredi 31 janvier
  • Les lieux : UGC Saint-Sever, Omnia, Le Melville et Hôtel de Région à Rouen, L’Ariel et la Maison de l’Université à Mont-Saint-Aignan, espace Guillaume-le-Conquérant à Bois-Guillaume, Les Arcades à Val-de-Reuil, Le Paris à Caudebec-en-Caux, MJC à Elbeuf.
  • Les tarifs : 3 €, 2,50 € pour les séniors, les étudiants, les demandeurs d’emploi, 20 € le passeport 8 séances
  • Le programme complet : www.cinemadumonde.org

 

Jacqueline Caux présente en première mondiale Man from tomorrow sur Jeff Mills dimanche 2 février à 20h30 au musée du Louvre à Paris lors des Journées internationales des films sur l’art