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« The Rake’s Progress » à Rouen : une soif d’argent qui mène à la folie

photo Philippe Delval

C’est le troisième opéra de la saison. C’est la première mise en scène d’un spectacle lyrique par David Bobée, directeur du CDN de Normandie Rouen. The Rake’s Progress de Stravinsky, créé en novembre au Théâtre de Caen avec l’Orchestre régional de Normandie, est joué du 11 au 16 décembre à l’Opéra de Rouen Normandie. Gagnez des places pour les représentations des 13 et 16 décembre en écrivant à relikto.contact@gmail.com

 

photo Philippe Delval

Il est l’auteur de sa propre ruine. Tom Rakewell part pour une course folle pour la liberté et le bonheur. Mais des bonheurs trop superficiels. Il va alors en perdre son âme et sa vie. The Rake’s Progress de Stravinsky (1882-1971), inspiré des gravures de William Hogarth, raconte l’histoire de la double dégringolade d’un homme libertin aux apparences bien naïves.

 

Tom Rakewell, un gentil naïf qui se laisse manipuler par le méchant diable ? Une lecture trop facile pour David Bobée qui signe avec The Rake’s Progress sa première mise en scène d’une production lyrique. La première qualité de son beau travail est de présenter des personnages tout en nuances. Il n’en fait pas des archétypes et va chercher leur part d’ombre ou de lumière. Tom Rakewell (Benjamin Hulett, toujours juste) est en effet un naïf mais aussi un vrai paresseux. Depuis le début, il l’annonce : il veut être riche mais surtout sans travailler. Quand son valet, Nick Shadow (le puissant Kevin Short) lui annonce qu’un oncle inconnu d’Amérique lui a légué sa belle fortune, il n’hésite pas à quitter sa belle Anne (émouvante Marie Amet) pour aller régler les formalités à Londres. Là, il découvre les bordels, rencontre Baba La Turque (Isabelle Druet, toujours pétillante), un personnage public et extravagant qu’il épouse, et accéder à la célébrité. Il devient aussi trader, spécule et perd sa fortune avant de tomber dans la folie.

 

Anne Trulove, pleine de candeur, promise à Tom, va réussir à sortir de sous l’aile de son père pour tenter de sauver son amoureux. En vain. Tom Rakewell suit Baba La Turque, « le monstre de son époque » avec « des airs de grande dame » mais brisée par la solitude. Il préfère aussi se laisser influencer par Nick Shadow, entré dans son esprit. Un diable qui va se révéler autant moqueur, séduisant et charmant.

 

The Rake’s Progress, joué du 11 au 16 décembre par l’orchestre de l’Opéra de Rouen Normandie, dirigé par Leo Hussain, est un spectacle d’une grande qualité scénique et d’une belle sobriété. David Bobée a mis son théâtre au service de la musique en respectant les codes opératiques et sans dénaturer le propos musical. La vidéo transporte dans diverses ambiances. The Rake’s Progress, transposé dans l’époque contemporaine, commence dans une atmosphère douce d’une campagne paisible et brumeuse avec un mouton hypnotique, se poursuit dans le vaste appartement de Tom avec une vue sur une ville de Londres très active, puis dans une salle de marché de la City vivant au rythme des folles courbes des prix pour se terminer au cimetière.