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Une page de l’afrofuturisme

Dans Mythomania, imaginé par le 106 à Rouen, il est question de mythes et de musique.  Dans ses recherches réunies dans un projet, Astrophonie, Pierre Deruisseau étudie les liens entre les musiques afro-américaines et les mythologiques. Mardi 3 juin, il raconte sous forme d’un conte 150 ans d’histoire au cours desquels les Afro-Américains se sont réappropriés les images de l’Egypte. Pharaon contre-attaque au 106.

 

Sun Ra
Sun Ra

La musique a des pouvoirs. Les mythes également. Quand ils allient leurs forces, ils transportent, ouvrent des espaces, donnent naissance à des formes nouvelles. En musique, les mythes sont revisités pour évoquer de manières détournées, métaphoriques des sujets alors inénarrables. Ils permettent en effet d’aborder des questions identitaires et religieuses, des revendications politiques et sociales.

 

Dans Pharaon contre-attaque, un clin d’œil à un épisode de la série Star Wars, Pierre Deruisseau établit un lien entre l’Egypte et la musique afro-américaine. Ce sont 150 ans que raconte ce passionné de musiques. « Au début, le pharaon est l’homme qu’il faut fuir. Il représente le système dont il faut s’extraire. L’esclavagisme donne naissance à des negro-spirituals ».

 

La position s’inverse bien plus tard. « Dans les années 1950, le pharaon est la personne à laquelle on s’identifie. Il y a eu des pharaons noirs. L’Egypte a servi une culture à laquelle on peut se raccrocher. Pendant longtemps, on a fait croire aux Afro-Américains qu’ils n’avaient rien à offrir, qu’ils n’étaient même pas des humains. Ce qui expliquait la ségrégation. Le pharaon contre-attaque ainsi après avoir perdu une bataille ».

 

L’Egypte et le pharaon sont ainsi très présents dans la musique afro-américaine. Pour Pierre Deruisseau, « cela se retrouve dans les sonorités des années 1950, dans les iconographies, dans les clips, dans les postures. Il y a ainsi un retour à une Egypte telle qu’on aime la voir. Il y a certes des exagérations mais c’est une manière de se recréer un mythe ». C’est la démarche de Sun Ra, Earth Wind & Fire, Afrika Bambaataa

 

Pharaon contre-attaque est le dixième épisode d’un cycle entamé il y a six ans après une compilation de musiques afro-américaines et des recherches personnelles sur la manière dont la musique devient « un moyen pour communiquer avec sa communauté ». La suite ? Pierre Deruisseau réfléchit à différentes thématiques comme les anges musiciens dans la musique funk des années 1970 et 1980, les chariots de feu, les coupes de cheveux…

 

  • Mardi 3 juin à 20 heures au 106 à Rouen. Entrée libre.