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« Nous préférons le paranormal »

yaset 880235_nLe 12 juin 1967 paraissait le premier numéro du Quetton, l’âne en patois normand. Ce fanzine fait partie des revues les plus anciennes et les plus énervées pour « les scélérats, les esthètes et les lecteurs paranormaux ». Même si Le Quetton a disparu des kiosques pendant quatre ans la première moitié des années 1980, l’équipe emmenée par JFR Rocking Yaset publie toujours un à deux numéros par an. Des numéros avec de l’info, des dessins et beaucoup de délire. JFR Rocking Yaset raconte toute cette riche histoire mercredi 1er octobre au Rêve de l’escalier à Rouen et lit quelques-uns de ses écrits dans le cadre de Print it black.

 

Quelles étaient vos motivations lors de la création du Quetton ?

Nous avons créé le Quetton en réaction à plusieurs choses. Nous considérions que la presse avait de sérieux manques. La plupart des fanzines traitaient d’un seul artiste ou d’un seul genre. Beaucoup manquaient d’humour. Nous avons imaginé une formule qui mêle information et humour. Quand nous avons commencé, nous ne pensions pas faire carrière.

 

Comment expliquez-vous la longévité du Quetton ?

C’est le plus vieux fanzine. Dans les années 1970, il y avait environ 700 revues indépendantes. Aujourd’hui, il n’y en plus qu’une petite poignée à Paris, à Rouen et dans quelques villes. A l’époque, le fanzine était un phénomène. La longévité du Quetton relève du miracle. Il reste l’équipe de base, toujours motivée, à laquelle se sont greffés des petits nouveaux. Des personnes plus jeunes que nous nous ont rejoints. Dans les années 1980, il y a eu des punks, puis des amateurs de reggae, des étudiants en école des Beaux-Arts. Des sociologues nous envoient aussi des textes. Nous avons en fait des contacts dans 83 pays et Le Quetton a des auteurs de 33 nationalités différentes.

 

Comment a évolué le choix éditorial au fil des années ?

Nous avons toujours eu des choses à dire, notamment dans le domaine politique. Après l’arrêt de la parution, nous avions préféré des sujets artistiques. Puis, les démons ont ressurgi et nous nous sommes remis à taper comme des sourds. Et ça fait du bien. C’est vrai que nous ne sommes pas toujours aimés à cause des positions que nous prenons. Nous sommes avant tout généralistes. Il nous arrive de glisser un cahier spécial sur un auteur. Avant tout, nous voulons être marrants et intelligents. Au début, nous voulions faire rire les rockeurs et les anarchistes parce que l’on aimait bien ces milieux-là.

 

Qu’est-ce qu’un lecteur paranormal ?

Le lecteur normal est celui qui lit les journaux que l’on trouve tous les jours. Si cette personne-là lisait Le Monde ou Politis, elle aurait un autre regard sur l’actu. Parce que ce n’est pas avec cette presse-là que l’on peut avoir des infos avec les tenants et les aboutissants. C’est la même chose avec la télé. Comme certains veulent du normal, nous, nous préférons le paranormal.

 

Vous venez au Rêve de l’escalier pour présenter Le Quetton et lire vos écrits.

Je fais ça depuis plusieurs années. Je le fais toujours sur des musiques. Je n’aime pas les lectures blanches. Il y a d’ailleurs un disque qui sort avec Faust. Eux jouent et, moi, je lis.

 

  • Mercredi 1er octobre à 19h30 au Rêve de l’escalier, rue Cauchoise à Rouen. Entrée libre