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« Quelque chose de mystique »

le kalif fakear okIl était guitariste. Le voilà depuis plusieurs années derrière les machines. Fakear, un pseudo à entendre de plusieurs façons, fait partie de ces jeunes artistes qui trouvent une place bien singulière dans l’univers des musiques électroniques. C’est un rêveur et un artiste qui capte les vibrations du monde. Dans ces trois EP, dont le dernier Sauvage, aux ambiances à la fois intimes et enivrantes, il évoque ses moments contemplatifs, ses émotions qui mettent les sens en éveil. Fakear, originaire de Caen, joue jeudi 17 juillet aux Terrasses du jeudi à Rouen.

 

 

Est-ce que la découverte de votre univers a été le fruit d’un long processus ?

Oui, ce fut la tache la plus difficile. Parce que cela conduit tout le projet. En fait, ce ne fut pas compliqué de le trouver mais plutôt de l’assumer.

 

Pourquoi ?

Notre univers, on le connaît. C’est notre identité artistique et aussi dans la vie. Mon travail est aussi de le présenter d’une manière ou d’une autre devant les autres. Pour moi, ce fut très compliqué.

 

Par pudeur ?

Il y a de ça musicalement. Au début, je considérais l’univers de Fakear très kitch. Je n’assumais vraiment pas. J’avais même honte de faire écouter ce genre de musique. Il a fallu affronter le regard des autres. D’autant que c’est un univers très personnel. Souvent, au début, on se cache derrière un style avant de s’en affranchir. Moi, j’y suis allé directement et il était impossible de me ranger dans une case.

 

Est-ce vraiment important d’être rangé dans une case ?

C’est très français. Etre dans une case est en effet très réducteur et réduit le potentiel créateur des musiciens. Mais c’est une armure. Au collège, au lycée, j’avais un style. C’était très rassurant d’appartenir à un groupe. Pour les musiciens, c’est cool. Il y a un ralliement. C’est fédérateur et hyper stimulant. Moi, je ne sais pas faire ça. Je n’ai pas de repères. Il y a des influences qui se ressentent plus ou moins fortement. Ce sont comme des satellites. Je préfère être seul.

 

Souvent, à 20 ans, on n’a pas envie de jouer de la musique seul.

J’ai fait partie d’un groupe. Je l’ai lâché progressivement. Cela s’est même fait naturellement. J’évoluais dans la folk et je suis parti vers la musique électronique en réduisant l’effectif du groupe. Nous étions deux. Je suis désormais seul. Jouer en groupe, ce serait cool. Mais c’est une histoire de feeling.

 

 

 

Votre univers est très personnel, très intime. Peut-il se partager avec d’autres musiciens ?

Je compose de la musique parce que j’en ai besoin. C’est vital pour moi. C’est une thérapie. Il y a une sorte d’obligation d’aller retranscrire en musique tout ce qui se passe. Je compose à partir d’images qui viennent de mon imagination, des trucs de la vie de tous les jours. Il y a quelque chose de mystique que je ne saurais pas définir. Il y a les images et aussi les sensations. C’est très important. J’aime beaucoup ces moments dans le train où l’on voit défiler le paysage. Il y a de la mélancolie, de la contemplation. Je compose beaucoup et je jette beaucoup aussi. Les EP sont comme un best of.

 

Est-ce que Théo et Fakear sont les mêmes personnes ?

Théo compose et ça lui fait du bien. Fakear fait le choix des morceaux qui ont un potentiel fédérateur. C’est aussi le bouclier de Théo qui lui permet d’être sur scène.

 

Comment est Fakear sur scène ?

C’est un mec très démonstratif, très lumineux, très souriant, une personne qui a l’air presque conquérant. Il est très différent de moi qui suis plutôt solitaire, posé, calme.

 

Vous avez des liens d’amitié forts avec Wax Tailor.

Oui, c’est le premier qui m’a permis de monter sur scène, qui a cru en mon projet. C’était ma première expérience devant pas un public nombreux. Il m’a ouvert pas mal de portes. Je l’ai revu récemment à La Défense à Paris. Nous étions contents de nous revoir.

 

 

Programme du jeudi 17 juillet

 

Au village

Ce jeudi 17 juillet, les Terrasses du jeudi s’offre un village. Outre les concerts, BUD et Guidoline animent le site à partir de 18h30. De Bruit et d’encre et Le Rêve de l’escalier ouvrent un stand. A côté des librairies, il y a l’école du Kalif, La Boussole et l’Agi-son.