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Théâtre à Dieppe : L’art de la paresse selon Oblomov

photo Erika Irmler

Dorian Rossel vient deux fois cette saison à la scène nationale de Dieppe avec sa compagnie STT et deux propositions théâtrales complètement différentes. La première : Oblomov, une adaptation du roman de Gontcharov, se joue jeudi 1er octobre avant Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir mardi 2 février.

 

photo Erika Irmler
photo Erika Irmler

Un autre répertoire. « On ne joue jamais les pièces écrites ». Dorian Rossel puise toujours ailleurs que dans le répertoire dramatique. Il va piocher dans les romans, le bande dessinée, un article, un film…. La raison : « questionner le langage scénique » qu’il nourrit des codes des diverses disciplines artistiques. « Le théâtre, c’est génial. C’est une fête, un concentré de la vie. Donc, il doit être aussi riche que la vie. Les spectacles sont imaginés pour les yeux, les oreilles, le cœur, les tripes », estime le metteur en scène suisse et fondateur de la compagnie STT, Super Trop Top.

Pas question de dénaturer les propos. Le travail d’écriture scénique s’effectue « toujours dans le grand respect de l’œuvre originale ». Quant à la mise en scène, « c’est un jeu de va et vient, un long travail qui se déroule lors des répétitions ». Pour Dorian Rossel, cette dimension empirique est essentielle puisqu’elle nécessite une interrogation permanente de la démarche et une esthétique efficace et une intemporalité. « On ne peut inscrire un texte dans une époque ou aujourd’hui. Le théâtre, c’est ici et maintenant et les diverses époques cohabitent ».

 

Une œuvre russe. Dorian Rossel a mis en scène Oblomov, une pièce adaptée du roman fleuve d’Ivan Gontcharov publié en 1859. « C’est une œuvre majeure peu connue en France. Oblomov est le père de personnages illustres comme Alexandre le bienheureux, Bartleby ou L’Homme qui dort de Perec ». Oblomov est un anti-héros. Il adore ne rien faire du tout. Il se demande pourquoi faire quelque chose plutôt que rien… Il fait ainsi l’éloge de la paresse et de l’inaction. Néanmoins, Oblomov est attaché à un idéal, à une image de bonheur et refuse la société telle qu’elle se présente à lui. « Oblomov est aussi de mauvaise foi. Il est un rentier », remarque Dorian Rossel.

L’œuvre de Gontcharov pose ainsi le problème de l’engagement. « J’ai un fils adolescent qui s’est un jour demandé pourquoi se battre et en quoi croire. Certains préfèrent se cloîtrer dans leur chambre et ne pas aller se faire étriquer dans le monde. Il y a aujourd’hui une forme de violence sociale. Il faut assurer et, parfois, nous n’avons pas envie d’être dans ce combat mais plutôt être dans une bulle ». Oblomov ne s’engage pas et fuit aussi. Même l’amour. Pourtant, Stolz, son meilleur ami, tentera bien de le sortir de sa léthargie en lui présentant la belle et pétillante Olga. Mais, il ne pourra pas lui dire oui.

Pour cette pièce, la STT s’associe à la O’Brother Company. Oblomov est portée par six comédiens et une chanteuse qui évoluent dans un dispositif conçu avec un jeu de miroirs.

 

  • Jeudi 1er octobre à la scène nationale de Dieppe. Tarifs : de 22 à 7 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr
  • Je me mets au milieu mais laissez-moi dormir, mardi 2 février à 20 heures au Drakkar à Neuville-lès-Dieppe. Tarifs : de 22 à 7 €. Réservation au 02 35 82 04 43 ou sur www.dsn.asso.fr